Générateur d’angoisse pour les parents, si la mort inattendue du nourrisson est multifactorielle, il existe des actions de prévention simples et efficaces pour réduire ces décès. Le point avec Dr Elisabeth Briand- Huchet, médecin conseil de l'association Naître et Vivre, pédiatre, et responsable du centre de référence de la mort inattendue du nourrisson à Antoine - Béclère, à Clamart.
Mort inattendue du nourrisson (MIN) et mort subite du nourrisson (MSN) : Quelles sont les différences ?
En Langage courant, tout le monde parle de « mort subite », il s’agit d’un terme de médecine légale qui signifie : mort brutale d’un individu apparemment bien portant.
En terme médical scientifique, la terminologie de MSN doit être appliquée seulement au cas où, devant ce décès brutal, on ne retrouve pas d’explication, malgré le bilan recherchant toutes les circonstances, l’examen clinique, les examens complémentaires et l’autopsie.
Devant la circonstance, donc la MIN, qui s’applique pour les enfants de 0 à 2 ans, on structure des prises en charge, on réalise le bilan et on essaye de comprendre ce qui est arrivé. Pour l’ensemble des MIN, on conclura pour une part, à une explication par une pathologie, une malformation, un accident de couchage, une association de ces causes, parfois une maltraitance, mais il restera aussi un petit contingent de morts inexplicables que l’on classera MSN au sens scientifique.
Il y a aussi des décès insuffisamment explorés, en raison de l’absence du bilan étiologique, c’est une part que l’on cherche à réduire pour disposer de statistiques plus fiables.
Quelles pathologies retrouve-t-on dans les causes de MIN ?
Les pathologies pédiatriques retrouvées ne sont pas spécifiques. Nous sommes face à des formes cliniques rapides, ou non repérées par l’entourage. Il s‘agit essentiellement de pathologies infectieuses : myocardite, méningite, septicémie, d’un virus localisé sur des organes plus critiques tels que le cœur ou le cerveau.
Il peut y avoir des causes diverses, comme des pathologies cardiaques qui entraîneraient un trouble du rythme pendant le sommeil.
Il existe aussi des facteurs mettant en difficulté le contrôle du rythme respiratoire et notamment lié au rôle de la nicotine. La nicotine en passant la barrière placentaire va saturer les récepteurs du tronc cérébral qui seront ultérieurement actifs pour provoquer le réflexe d’éveil, si l’enfant se retrouve en hypercapnie. La nicotine, en saturant ces récepteurs, est responsable de l’altération du réflexe d’éveil et cet effet est dose dépendant Les cigarettes électroniques et les patchs ne résolvent donc pas cette question et cela s’applique aussi pour le tabagisme passif
Plus rarement, des maladies métaboliques avec une cause probablement génétique.
Il y a d’autres pistes de recherche fondamentale sur des anomalies du tronc cérébral, des neurotransmetteurs, mais elles ne sont pas dépistables facilement et ne débouchent pas sur des actions de prévention.
Quels sont les facteurs de risque évitables?
La grande évolution sur le sujet est d’ordre épidémiologique avec la pratique du couchage du nourrisson. De fait, nous savons aujourd’hui que toute situation qui peut entraîner un confinement respiratoire (couchage latéral, ventral, couverture, couette, oreiller, tour de lit, nombreuses peluches dans le lit….) pour l’enfant représente un facteur de risque de MIN.
Avec les recommandations de coucher l’enfant sur le dos, en 1994, les chiffres de MSN ont chuté de 75%. Lorsque l’on examine les courbes de mortalité infantile de 0 – 1 an, quelle que soit la cause, on constate nettement que cette courbe décroche dans les années 92-94, au moment des premières campagnes et et cela s’est produit dans tous les pays qui ont mené cette prévention.
Les conseils de prévention à diffuser aux parents
Sur les derniers carnets de santé les professionnels de santé doivent tracer que l’information de prévention de MIN a bien été donnée aux parents.
Il est possible d’obtenir les dépliants d’information gratuits via l’envoi d’un mail à l’ANCReMIN et Naître et Vivre (participation pour les frais de port).