Chaque année, en période de Ramadan, femmes enceintes comme professionnels se questionnent sur les effets de ce jeûne prolongé pendant la grossesse. Est-ce dangereux pour la santé de la mère et celle du fœtus ?
Le Ramadan est le 9e mois du calendrier lunaire au cours duquel les musulmans ayant l’âge requis jeûnent de l’aube au coucher du soleil, pendant 1 mois. Les femmes enceintes sont aussi concernées mais du fait de leur plus grande vulnérabilité, elles peuvent rompre le jeûne. La privation de nourriture et d’eau, souvent en période estivale, est une épreuve difficile physiquement comme psychologiquement et elle peut l’être d’autant plus chez une femme enceinte dont les besoins énergétiques quotidiens sont de 2200 kcal/ jour et les besoins hydriques d’au moins 2,5L/ Jour. Pour celles qui souhaitent vivre cette période spirituelle il est légitime de se demander si le jeûne prolongé n’est pas nuisible pour la santé de la mère comme pour celle de l’enfant.
Les études s’intéressant aux effets au jeûne du Ramadan chez les femmes enceintes et le fœtus ne sont pas si nombreuses. En utilisant la base de données scientifique Pubmed, 104 publications sont apparues avec les mots clés « Ramadan fasting and pregnancy » et 18 avec « Ramadan fasting development fetal ».
À en lire les conclusions, la majorité des études montrent qu’il n’y a pas de différence significative sur la croissance fœtale chez les femmes en bonne santé pratiquant le jeûne, comparativement à celles qui ne jeunent pas (1, 2, 3). Certains des auteurs notent une diminution de liquide amniotique lors du jeûne (4) et de la fréquence des mouvements respiratoires fœtaux (5). Cette dernière serait liée à une réduction de la glycémie maternelle n’ayant pas de conséquence à plus long terme. Pour la plupart des publications, Le jeûne n’aurait donc pas d’effets négatifs sur le bien-être fœtal.
Le jeûne implique divers mécanismes métaboliques de l’organisme pourtant une étude s’intéressant à la santé maternelle ne montre pas de différence significative entre les mesures des taux de glucose, d’insuline, de lactates chez des femmes à 28 semaines de grossesse pratiquant le jeûne du Ramadan comparativement au jeûne nocturne chez un groupe similaire (6). Aussi, le jeûne prolongé du Ramadan ne provoquerait ni cetonémie, ni cétonurie chez les femmes à plus de 20 semaines de grossesse (3).
Selon la plupart des études, le jeûne du Ramadan n’aurait pas d’influence négative sur l’évolution de la grossesse d’une femme en bonne santé. Mais il y a tout de même des réserves du fait d’études encore peu nombreuses comprenant de faibles échantillons et avec différentes méthodologies.
Il conviendra de déconseiller le Ramadan aux femmes enceintes en cas de pathologie dont le diabète gestationnel pour le risque d’hypoglycémie. Aussi de leur conseiller d’interrompre le jeûne si un de ces signes apparait : des vertiges, des malaises, une soif intense ou de l’asthénie.
Références :