Pour repérer les femmes souffrant de dépression post-partum, Les femmes peuvent désormais bénéficier d'un entretien 4 à 8 semaines après l’accouchement avec une sage-femme ou un médecin.
Dépistage postnatal systèmatique depuis le 1er juillet 2022
Lors des Assises de la Santé mentale et de la psychiatrie, le secrétaire d’Etat, Adrien Taquet, avait annoncé le 28 septembre 2021, que les mères bénéficieront d’un entretien systématique pour dépister la dépression du post-partum. Cet entretien était déjà recommandé depuis 2014 par la HAS.
Chose faite ! L’adoption de l’amendement n°2358 au projet de loi de financement de la sécurité sociale a permis un entretien postnatal précoce (EPNP) obligatoire. L'article L. 2122-1, rentré en vigueur le 1er juillet 2022, précise que "l'entretien postnatal précoce obligatoire est réalisé par un médecin ou une sage-femme entre les quatrième et huitième semaines qui suivent l'accouchement. Cet entretien a pour objet, dans une approche globale de prévention en postpartum, de repérer les premiers signes de la dépression du postpartum ou les facteurs de risques qui y exposent et d'évaluer les éventuels besoins de la femme ou du conjoint en termes d'accompagnement. Un deuxième entretien peut être proposé, entre les dixième et quatorzième semaines qui suivent l'accouchement, par le professionnel de santé qui a réalisé le premier entretien aux femmes primipares ou pour lesquelles ont été constatés des signes de la dépression du postpartum ou l'existence de facteurs de risques qui y exposent."
Cet acte, qui ne pourra être coté qu'à partir du 5 septembre 2022, s’ inscrit dans le cadre du plan des « 1000 premiers jours » où la mise en place de liens d’attachement solides sont placés au centre des préoccupations pour le bon développement de l’enfant.
La dépression du postpartum est trop peu dépistée
La dépression du post-partum touche environ 15% des mères. Ce taux couramment admis a tendance a être sous-estimé. En effet, comme le précise Adrien Taquet, selon un « sondage récent 30% des mères et 18% des pères disent avoir connu un épisode dépressif ». (Opinion Way pour l’entreprise de télémédecineQare). Toutefois, seulement 5% des mères disent avoir été diagnostiquées par un spécialiste et presque 80% des parents n’ont jamais été sensibilisés à la dépression du post-partum lors des consultations médicales.
Des préconisations pour mener cet entretien
Le Collège National des Sages-Femmes a émis des préconisations pour aider les sages-femmes à mener l'entretien postnatal. Dans un rapport rédigé en collaboration avec des pédopsychiatres et des usagères du CIANE et de l'association Maman Blues, le CNSF conseille de réaliser l'entretien vers la 4e semaine du post-partum afin de proposer un soutien le plus tôt possible aux femmes. D'ailleurs, il est important de constituer un réseau pluri-professionnel pour orienter les mères, les coparents et enfant, si besoin.
Recevoir le coparent et l'enfant peut être bénéfique pour mieux évaluer leurs besoins et les interactions entre le couple et celles entre les parents et l'enfant. Toutefois, en fonction du contexte conjugale, il est préférable de mener l'entretien avec la mère et l'enfant.
Le rapport propose des pistes sur les thèmes à aborder dont, par exemple, le vécu de l'accouchement, le bien-être mental, les conduites addictives, le dépistage des violences intrafamiliales, la situation économique, la qualité des interactions de l'enfant, son développement, son adaptation ...
Quoi qu'il en soit, le CNSF souligne que "Le CNSF préconise que chaque professionnel, sage-femme ou médecin, qui souhaite réaliser des EPNP soit à jour de ses connaissances et se sente apte à explorer l’environnement des femmes en toute sécurité, et à les étayer dans la mobilisation de leurs ressources. Ces professionnels doivent disposer d’un réseau suffisant pour répondre aux besoins des femmes."
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