De nouveaux décrets ont annoncé le 5 novembre 2019 des modalités différentes pour accéder aux études de santé.
Comment faut-il comprendre ces nouveautés? Quels sont les enjeux pour les étudiant-e-s sages-femmes ? Comment se positionne l' Association nationale des étudiant-e-s sages-femmes (ANESF)?
Le point avec Fanny TOUSSAINT - 1ère Vice-Présidente chargée de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche de l'ANESF.
La réforme du premier cycle a été envisagée suite à des constats alarmants concernant la PACES. En effet, ce concours produisait une majorité de redoublements, avec des étudiant·e·s n’ayant aucun diplôme ou équivalence après 2 ans d’études supérieures, mais aussi un profil type d’étudiant·e·s dans les filières Médecine, Maïeutique, Odontologie, Pharmacie et Kinésithérapie (MMOPK), des choix par défaut, une formation basée sur la sélection, etc.
Les objectifs de cette réforme visent ainsi à diversifier les profils afin de ne pas avoir que des étudiant·e·s ayant un “BAC S avec mention Très Bien”, plus de sciences humaines et sociales dans les études de santé, une amélioration de l’orientation dans le secondaire… La réforme du premier cycle se trouve dans la continuité d’autres réformes entamées par le gouvernement (réforme du BAC, réforme de l’Examen Classant National (ECN), ...)
Comment intégrer une deuxième année de MMOPK ?
Il y aura désormais 3 chemins possibles afin d’intégrer une 2ème année de maïeutique, de médecine, de pharmacie, d’odontologie ou de kinésithérapie (pour ce qui est des étudiant·e·s en kinésithérapie, ils·elles ne sont pas cité·e·s dans l’arrêté mais seront bien concerné·e·s par la réforme, qui sera citée dans les documents relatifs à leur formation) qui permettront, en cas d’échec, une réorientation plus facile par des passerelles.
Le nombre de places pour un parcours ou un groupe de parcours ne peut excéder 50 % du nombre total de places proposées.
Pour intégrer une 2ème année de MMOPK, il faut déposer des candidatures. Deux demandes seulement sont possibles et une inscription en portail santé vaut une candidature (après un échec au portail santé, l’étudiant·e pourra candidater une deuxième et dernière fois en 2ème année ou plus tard depuis une licence conventionnée avec mineure santé). Il y a 2 étapes pour rentrer en 2ème année de MMOPK :
une épreuve d’admissibilité : l’étudiant·e est autorisé·e à candidater pour 2 filières (au moins mais les universités peuvent proposer plus de choix). Il·elle sera sélectionné·e sur des critères définis par l’université (notes minimales,..).
une épreuve d’admission : l’étudiant·e pourra se présenter aux épreuves d’admission des 2 filières (au minimum mais les universités peuvent proposer plus de choix) dans lesquelles il·elle avait été admissible. Ces épreuves seront constituées d’au moins 2 oraux d’au moins 20 minutes avec 2 jurys différents. Les modalités seront laissées au libre choix des universités.
Il existera des critères qui sélectionneront des étudiant·e·s admis·e·s directement, et qui représenteront 50% des admis au maximum : ils permettront à certain·e·s candidat·e·s de rentrer directement en deuxième année de MMOPK sans passer par l’épreuve d’admission. Ces critères seront, eux aussi, définis par les universités.
La liste des admis·e·s en filières MMOPK tiendra compte des épreuves d’admissibilité et d’admission.
Les étudiant·e·s ne parvenant pas à rentrer en deuxième année de MMOPK :
S’ils·si elles étudiaient dans un parcours licence avec une mineure santé, peuvent poursuivre leurs études dans la licence dans laquelle ils•elles se trouvaient.
S’ils·si elles étudiaient dans le portail santé, peuvent poursuivre leurs études dans une licence affiliée, car il n’est pas possible de redoubler le portail santé.Provenance des admis·e·s en deuxième année de MMOP(K)
En ce qui concerne la provenance des admis·e·s en deuxième année de filières MMOPK :
Certain·e·s viendront du portail santé
D’autres viendront de L1 + mineure santé
D’autres encore viendront de licence avec mineure santé en ayant validé plus de 120 ECTS (après la L2 + mineure santé)
5% viendront d’autres filières de santé
Avec la réforme, que devient la maquette de formation du 1er cycle ?
Le portail santé sera composé :
D’au moins 30 ECTS de santé (d’après l’arrêté : "Unités d'enseignement de sciences fondamentales en lien avec la santé, de sciences humaines et sociales en lien avec la santé, ou d'unités de découverte des métiers de la santé"). Ce sera aux UFR de décider de la part d’enseignements du tronc commun et d’enseignements de spécialité
D’au moins 10 ECTS dispensés pour des enseignements d'ouverture avec un choix fait par l'étudiant·e parmi les enseignements proposés qui doivent être en accord avec les licences proposant des mineures santé
D’un module de présentation des métiers et de construction du projet professionnel
D’un module d’anglais
Les mineures santé seront composées :
De 10 ECTS de santé. Ce sera aux universités et aux UFR de décider s’ils veulent l'inclure complètement dans leur maquette (50 ECTS + 10 ECTS mineure santé), l'intégrer partiellement (55 ECTS + 10 ECTS mineure santé) ou ne pas l'intégrer (60 ECTS + 10 ECTS mineure santé).
D’un module de présentation des métiers et un module de préparation à l'épreuve d'admission
Quels enjeux pour les étudiant·e·s ?
Ce texte est relativement large et laisse beaucoup de libertés aux universités.L’enjeu est pour les élu·e·s étudiant·e·s, de s’assurer que la mise en place de cette réforme respecte les textes de loi et les positions de l’ANESF, c’est à dire :
le moins possible d’admissions directes (20% au maximum)
le maximum de diversification (de voies d’entrée)
limiter les modalités transitoires
Nous portons aussi avec les autres organisations étudiantes :
des financements revus à la hausse
un suivi efficace de la mise en place de la réforme
Comment se positionne l’ANESF vis-à-vis de cette réforme ?
Cette réforme, qui vient remplacer la PACES, apporte plus de diversification, une sélection plus pédagogique, plus de possibilités de réorientation et de poursuite d’études. Néanmoins, la liberté laissée aux Universités ne nous assure pas sa bonne mise en place. De plus, nous considérons que les pourcentages cadrés dans les textes réglementaires (admissions directes et voies d’entrées) sont beaucoup trop élevés. Aussi, le budget n’est pas assez conséquent pour la mise en place de cette réforme qui se voulait ambitieuse. Nous restons donc sur nos gardes.