Des études portant sur l’animal ont montré que la pollution atmosphérique était neurotoxique pour le fœtus. Partant de cette conclusion, des chercheurs ont testé l’hypothèse qu’une pollution de l’air plus importante était associée à un QI plus bas chez l’enfant et que les effets variaient en fonction des caractéristiques de la mère, de l’enfant de l’alimentation prénatale et du taux plasmatique maternel en folates.
Pour réaliser cette étude parue dans le Journal Environmental Research, les auteurs ont utilisé les données prospectives de la cohorte CANDLE (Conditions Affecting Neurocognitive Development and Learning in Early Childhood). L’exposition à la pollution pendant la grossesse a été prédite grâce à la géolocalisation des habitations. Ils ont mesuré le QI des enfants âgés entre 4 et 6 ans et évalué les associations entre la pollution de l’air le sexe, la race, le statut socio-économique, l’alimentation et la mesure plasmatique en folates de la mère. L’étude a porté sur 1005 dyades mères-enfants du Tennessee, aux Etats-Unis.
QI et pollution atmosphérique
Les données analysées suggèrent que plus une femme enceinte est exposée au PM10* plus le QI de l’enfant à naître est bas. Une augmentation de 5 unités de PM10 était associée à une baisse du QI de 2,58 points.
Si les chercheurs n’ont pas retrouvé d’associations significatives entre QI et statut socio-économique, race, sexe de l’enfant ni consommation prénatale de fruits et légumes, ils ont découvert un lien entre QI et taux plasmatique maternel en folates.
La vitamine B9 (ou folate) protège des effets du PM10
Les auteurs ont observé une association entre le quartile des mères présentant un taux plasmatique faible en folates et une baisse de 6,8 points du QI des enfants par augmentation de 5 unités de PM10. Par contre lorsque le taux en folates était élevé l’exposition au PM10 n’aurait pas d’effet sur le QI de l’enfant.
On connait le rôle de l’apport des folates en anticonceptionnel et jusqu’à la 12e semaine d’aménorrhée dans la prévention des anomalies du tube neural (400 µg/jour). Mais cette étude, bien qu’elle mérite des approfondissements, rajoute des bénéfices pour cette vitamine. Selon les auteurs elle permettrait de diminuer le stress oxydatif de l’exposition au PM10 et jouerait un rôle protecteur vis-à-vis des effets neurotoxiques de la pollution.
*Particules fines en suspension dans l'air avec un diamètre inférieur à 10 micromètres
Source : Prenatal air pollution and childhood IQ: Preliminary evidence of effect modification by folate - Environmental Research - Volume 176, September 2019, 108505