L’allaitement maternel est associé à de nombreux bénéfices pour la mère et l’enfant pourtant son taux est inférieur aux recommandations internationales.  Seuls 37% des enfants de moins de 6 mois sont exclusivement allaités dans les pays à revenu faible et à revenu intermédiaire et dans les pays à revenu élevé cette durée peut se raccourcir davantage.  Dans une étude publiée dans le journal Nutrients, des chercheurs ont analysé les facteurs liés à l’arrêt prématuré de l’allaitement.

Pour cela, ils ont mené une étude observationnelle prospective  dans une maternité de Milan qui compte 6 000 accouchements par an. Les femmes avec un faible risque d’arrêt d’allaitement précoce, ayant donné naissance à un enfant unique à terme et eutrophe ont été incluses. L’allaitement maternel a été promu pendant le séjour. Les femmes ont été recrutées à la maternité. A la fin de leur séjour, il leur a été demandé de consigner dans un carnet le mode d’alimentation de l’enfant à 7 jours, à 1 mois et 3 mois après la naissance.  Trois mois après  l’accouchement les femmes ont été appelées pour collecter les données sur l’alimentation de l’enfant et pour répondre à un questionnaire en ligne sur leur expérience de l’allaitement.

Près de 70% des mères ont rencontré des difficultés pendant l’allaitement

Au total 1843 mères ont  accouché sur la période de l’étude, parmi 863 les couples mère-enfant éligibles, 552 ont répondu à l’étude et au questionnaire en ligne.
Pendant le séjour, le taux d’allaitement maternel était de 95% (524 femmes sur 552). Il passe à 81% à 7jours, 73% à 1 mois puis 68% à 3 mois de l’accouchement.
Elles étaient 70,3% à éprouver des difficultés pendant l’allaitement. Elles rapportaient le plus fréquemment des crevasses (41%), une perception insuffisante de quantité de lait (35,8%), une douleur (31,2%), de la fatigue (30,2%). C’est au cours du 1er mois après la naissance que les femmes étaient plus nombreuses à signaler des difficultés (63% contre 9% et 10% au 2e et 3e mois).

Les facteurs qui nuisent à la poursuite d’un allaitement exclusif

Parmi les mères ayant rencontré des difficultés d’allaitement, 48,7% se sont senties soutenues par les professionnels de santé. Pour les autres : 20,1% ont résolu seules leurs problèmes et 11,6% avec le soutien d’amis ou de parents. Il restait 19,6% femmes pour lesquelles leurs problématiques n’ont pas été résolues malgré tout, 7% ont continué à allaiter.

Les mères qui ont évalué l’aide à l’allaitement de façon négative pendant le séjour à la maternité  étaient plus à risque de ne pas allaiter exclusivement leur enfant à 3 mois comparativement à celles qui avaient évalué l’aide à l’allaitement de façon positive (OR = 1.367, 95%CI 1.09–1.70, p = 0.005).
Une analyse multivariée a montré que l’absence de problèmes d’allaitement ou le fait d’avoir été soutenue en cas de difficultés était associé à un moindre risque d’allaitement non exclusif à 3 mois (OR = 0.051; 95% CI 0.022; 0.117, p < 0.0001; OR = 0.39; 95% CI 0.202–0.756, p = 0.005, respectivement).

En prenant en compte les différentes complications d’allaitement (la perception d’insuffisance  de lait, la douleur, le retard de croissance du bébé, la perception de la valeur nutritionnelle limitée du lait maternel, la survenue de mammite et le retour au travail), elles étaient associées à un risque plus élevé d'allaitement non exclusif à trois mois. Aussi, les chercheurs ont trouvé cette même association en cas de primiparité  et de mauvaise prise du sein.

Le soutien des mères

L’enjeu n’est pas seulement de promouvoir l’allaitement maternel mais le soutenir après l’accouchement. Comme le montre les résultats de l’étude, les complications de l’allaitement maternel peuvent impacter sa poursuite. L’allaitement maternel ne va pas de soi et chaque femme devrait pouvoir bénéficier d’aide pour surmonter les difficultés et permettre à leur enfant d’être allaité aussi longtemps qu’elles le souhaitent.

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