Quel est votre parcours ? Pourquoi cette attrait pour l’allaitement ?

Diplômée en 2000, j’ai rapidement choisi de m’orienter vers le secteur libéral en 2001. Cet intérêt pour l’allaitement m’est venu lors de mes études lorsque j’ai travaillé sur mon mémoire de fin d’études. J’ai eu la chance d’être accompagnée par une consultante en lactation.  A cette époque, il n’y avait que 3 consultantes en lactation en France ! J’ai beaucoup appris à ses côtés et j’ai aussi ouvert les yeux sur les pratiques enseignées dans les services  ou bien à l’école de sage-femme. Je me suis rendue compte qu’elles n’étaient pas toujours adéquates...

De cette constatation, vous avez souhaité en savoir davantage sur le sujet…

En effet,  j’ai fait beaucoup de recherche et je projetais de devenir consultante en lactation. J’ai toujours travaillé dans l’accompagnement auprès des mamans et particulièrement dans l’allaitement.  J’ai suivi la voie qui m’a été tracée par mon mémoire, primé d’ailleurs au Grand Prix Evian et qui m’a permis d’écrire des publications. Ces expériences m’ont donné goût à l’écriture et j’ai sorti un premier livre en 2007 « Allaiter, un jeu d’enfant », un 2e en 2009 «  Allaiter tout simplement ». Puis,  je suis devenue consultante en lactation en 2010. Enfin,  le 3e livre « Les secrets d’un allaitement réussi » est paru en octobre 2018, avec une réactualisation  des dernières données de la science.

Votre expertise sur l’allaitement vous a aussi donné envie de développer  la méthode Dalla Lana ®, pouvez-vous nous en dire plus ?

Avec l’écriture des ouvrages, mes recherches et ma formation de consultante en lactation, de plus en plus de collègues m’adressaient des patientes et me demandaient des rencontres pour des études de cas. On a alors commencé avec un petit groupe puis de fil en aiguille elles m’ont réclamé une formation. De là, je me suis formée pour être formateur et voilà comment j’en suis venue à la formation.

Je propose des formations sur le thème de l’allaitement maternel, sur le rythme du bébé, le sommeil du nourrisson et de la mère, le démarrage de l’allaitement, les troubles de la succion, la régulation de la lactation, aussi, comment accompagner le non allaitement. 

Cette méthode a été construite avec le quotidien des mamans en attachant une attention particulière à l’approche anténatale. Ensuite, lorsqu’elles ont accouché, même s’il y a un suivi à l’hôpital, on met en place avec les patientes un « fil rouge », c’est-à-dire que l’on se contacte plusieurs fois par jours pour savoir ce qui se passe pendant le séjour. L’objectif n’étant pas d’être à contre-courant de ce qui se passe en service mais c'est une façon de suivre la mise en place de leur allaitement pour les accompagner au mieux par la suite. Je me suis rendue compte qu’avec cette méthode, de moins en moins de mères présentaient des difficultés d’engorgement et de retard à la montée de lait, alors pourquoi pas la diffuser ?

La méthode est basée sur ce continuum anténatal, postnatal immédiat et à plus long terme, également sur une approche de communication. Je pars du principe qu’à chaque fois que j’ai une maman devant moi, je n’ai pas seulement une maman, j’ai une femme et un bébé et lorsque je m’occupe d’un bébé, j’ai une mère et une femme. Ce trio mère, femme, enfant se trouve dans un environnement dont on doit tenir compte, car si ce n’est pas le cas, la plupart du temps le message ne passe pas. L’idée est de prendre en compte l’environnement de chaque maman pour s’en faire un allié, de communiquer sans être à contre-courant de ce qu’elle a déjà entendu, et de faire en sorte que  la solution n’émerge pas de nous mais d’elle-même.

En France, l’allaitement est boudé des française, quels sont vos réflexions ?

A la maternité, les sorties sont de plus en plus précoces , l’accompagnement n’est pas forcement adéquat. Ce n’est pas de la mauvaise volonté, c’est qu’il n’y a pas le personnel qu’il faudrait  et parfois les formations manquent aussi…  
Parmi les professionnels qui se forment, certains n’avaient pas conscience de l’importance de la formation continue dans ce domaine-là parce que l’on a l’impression que l’allaitement est naturel, qu’il coule de source, qu’il n’y  plus rien à apprendre. Mais comme dans tout domaine, les études scientifiques font évoluer les connaissances…

Qu’est ce qui manque aux femmes pour mener un allaitement serein et aussi long que possible ?

Outre un congé maternité adéquat, c’est la confiance, la confiance en soi et en son bébé. Très souvent les mères ne sont pas amenées à développer leur confiance, on est dans un système de soin basé sur le corps médical savant et les mères obéissent alors que personne d’autre  ne connait mieux son bébé qu’une mère !
Et puis, encore une fois, on tourne autour de la formation, les assistantes maternelles. Les crèches devraient aussi être sensibilisées aux bénéfices de maintenir un allaitement maternel.  On a tout intérêt à encourager les mères à allaiter !