Savez-vous que 40 millions de femmes souffrent de problèmes de santé des mois voire des années après un accouchement ?Et ceci même après un accouchement voie basse sans complication. C’est ce que révèle un article publié dans The Lancet Global Health.
Des chercheurs suisses et australiens ont exploré le spectre des complications qui peuvent survenir à moyen et long terme après le processus de travail et d’accouchement. Ils se sont concentrés sur les complications apparaissant plus de 6 semaines après l’accouchement et sans limite supérieure de temps. Elles peuvent affecter les femmes quelle que soit la parité et quel que soit le mode d’accouchement.
Pourquoi y a-t-il des complications ?
L’article signale que la majorité des 140 millions de femmes qui accouchent chaque année ne présentent aucune morbidité dans les 6 semaines qui suivent la naissance. Cependant,il y a aussi des femmes qui accouchent par voie basse, sans intervention et sans complication, qui présenteront une complication du post-partum. De nombreuses adaptations évolutives maternelles pourraient favoriser la survie du fœtus au détriment de la santé et du bien-être maternels.
Les changements physiologiques de la grossesse touchent plusieurs systèmes d’organes : le système cardiovasculaire, le système immunitaire, le système endocrinien …
Bien que ces changements soient physiologiques, ils sont susceptibles d’augmenter la survenue de complications, elles-mêmes majorées par la présence de facteurs sociaux ou cliniques (peu de soutien social, un âge maternel avancé ou au contraire plus jeune, l’obésité, la présence de comorbidités…), fœtaux (une présentation anormale, un poids élevé). Le déroulement du travail peut également majorer la survenue de complication comme un deuxième stade de travail prolongé.
Le recours à des interventions médicales lorsqu’il est abusif ou non justifié est susceptible d’être iatrogène. Même lorsque les interventions chirurgicales, pharmacologiques et mécaniques sont justifiées, elles peuvent interférer avec le rétablissement de la mère et déclencher des conséquences physiques, sociales et psychologiques longtemps après l’accouchement.
Le contexte de la naissance (accoucher dans un environnement inconnu) fait partie des facteurs susceptibles d’affecter l’adaptation émotionnelle maternelle.
Quelles sont les complications à moyen, long terme ?
Les complications qui affectent 10% des femmes au-delà des 6 semaines après l’accouchement sont la dyspareunie, l’incontinence urinaire et/ou anale, la dépression du post-partum, la tocophobie, les lombalgies, les souleurs périnéales.
Selon une revue systématique et une méta-analyse, 35% des femmes souffrent de dyspareunie et à 12 à 24 mois après l’accouchement, 40% sont concernées.
La prévalence des anomalies du sphincter anal était de 26% et 19% présentaient une incontinence anale plus d’un an après l’accouchement.
Il s’agissait dans cette étude de femmes ayant accouché par voie vaginale.
Une revue de haute qualité a révélé que la prévalence globale du trouble anxieux du post-partum était de 16% alors que 24,4% des femmes déclaraient des symptômes d’anxiété.
Une revue de qualité modérée a révélé que la prévalence que la tocophobie après l’accouchement variait de 6,3% à 14,8%.
Cette recherche souligne bien qu’il est essentiel de se préoccuper de la santé des femmes tout au long de leur vie.
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