Les femmes enceintes en prison sont un groupe minoritaire et marginalisé. Si le devenir mère est déjà une période de grande vulnérabilité, l’isolement et l’accompagnement de la maternité en milieu carcéral ne font qu’accroître cette composante.
Alors que la compréhension des besoins de ces femmes en termes de maternité reste limitée,la revue Women and Birtha publié une revue de la littérature portant sur cette population minoritaire représentant 5 à 10 %. Les objectifs de ce travail étaient triples puisque les chercheurs ont identifié les besoins et les expériences des femmes enceintes en prison, si ceux-ci étaient satisfaits et quels étaient les soutiens obstétricaux disponibles. Ils ont analysé 32 études dont la majorité provenait des Etats-Unis.
Des femmes plus vulnérables
Tous les articles de la revue s’accordent sur une caractéristique bien marquée chez les femmes enceintes en prison : la vulnérabilité. Celle-ci s’exprime à travers 5 catégories.
Tout d’abord, la marginalisation et l’exclusion sociale. Ces femmes proviennent d’un milieu socio-économique marginalisé, elles ont plus souvent un faible niveau d’instruction et l'infraction est signalée comme une réaction à la crise (à un désavantage prolongé, à des pertes multiples et à un stress incessant).
Elles ont une tendance à la délinquance. Plusieurs études ont mis en évidence un taux élevé de toxicomanie avant l’incarcération, entre 71% et 90%. La consommation de toxique se poursuit en prison pour l’étude d’Egley et al : 36% des femmes enceintes ont consommé des substances illicites en prison.
Les femmes enceintes incarcérées ont souvent une histoire compliquée. Pour Fogey et al, 60% des femmes enceintes ont subi des violences familiales dans l’enfance et l’adolescence et il existe une relation entre violences et toxicomanie.
À ces facteurs, s’ajoute également un état de santé médiocre marqué par une mauvaise nutrition, et par des troubles mentaux. Pour Foley et Papodopolous : 90 % des femmes incarcérées ont une maladie mentale associée ou non à un problème de toxicomanie.
Un accouchement plus compliqué
Les facteurs de vulnérabilités cités précédemment influent sur la grossesse et sur l’accouchement. Pour Walker et al, les femmes en prison avaient plus de risque d’accoucher avant terme, de mettre au monde un bébé de petit poids ou admis en unité de néonatologie. Outre des soins prénatals inadaptés en milieu carcéral, 50 % des femmes interrogées dans l’étude de Fritz et Whiteacre ont déclaré n’avoir reçu aucun soutien à l’accouchement, qu’il soit d’un ami ou d’un membre de la famille.
Des pistes pour améliorer la transition
La prison est considérée par certains comme un lieu de soutien et de protection pour ces femmes souvent toxicomanes et victimes de violences. Néanmoins les complications de l’accouchement montrent les lacunes du milieu carcéral dans l’accompagnement de ces femmes de grande vulnérabilité.
Des auteurs proposent donc des pistes pour améliorer la maternité des femmes en prison. Des intervenants tels que des sages-femmes pourraient réduire la détresse psychologique de cette population. Selon Shroeder et Bell, le soutien par des sages-femmes améliorerait la perception des femmes de leur expérience d'accouchement et diminuerait l'anxiété, la peur et la perception de la douleur.
La présence de nursery dans les prisons serait aussi un moyen de renforcer l’estime des mères, leurs compétences et de promouvoir le lien mère-enfant (Fritz et Whiteacre). Le personnel pénitentiaire à aussi une part à jouer, comme le montre un article du Journal of Forensing Nursing, les gardiens qui offraient un soutien émotionnel ou des paroles réconfortantes pendant le retrait de l'enfant aidait les mères à gérer le processus.
La prison est un lieu où l’on est habitué à gérer la gent masculine mais pas la gent féminine et encore moins pendant une grossesse. Pourtant la prise en charge des femmes enceintes incarcérées demandent une prise en charge multidisplinaire, où tout l’enjeu est de veilleur au bien-être de la femme, de son enfant, à la mise en place du lien mère-enfant, à garantir le droit des femmes enceintes dans l’intérêt de l’enfant à naître. Des facteurs qui participeront à sa réussite de sa réinsertion dans la société.
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