« À la pleine lune, les maternités sont débordées », qui n’a pas été déjà interpellé-e par ces paroles, entendues moult fois depuis ses débuts de sage-femme ?
La lune connait 4 phases : la nouvelle lune, le premier quartier, la pleine lune et le dernier quartier. Selon certaines croyances, le cycle lunaire et particulièrement la pleine lune influencerait le comportement humain, plus d’agressivité, plus d’homicides … Autant de prétendues associations que les chercheurs ont tenté d’établir depuis des siècles. Pourtant, même si ces questions divisent encore certains, depuis une cinquante d’années les preuves s’amassent et la lune n’aurait pas d’effet sur les comportements. Si le tueur de la pleine lune a commis autant d’atrocités, ce n’est pas l’objet céleste qui l’a influencé !
Alors qu’en est-il sur l’accouchement ?
La fréquence des accouchements guidée par le rythme des phases lunaires fait aussi partie de questionnements depuis la nuit des temps et ce, à travers le monde. Une analyse espagnole de 2019, parue dans l’European Journal of Obstetrics and Gynecology and Reproductive Biologyréfute cette association. Elle s’y est intéressée à travers une étude rétrospective de cohorte où 23 689 naissances ont été prises en compte entre 1810 et 1929. Ainsi pas moins de 1484 cycles lunaires se sont enchaînés au cours de cette période, placée dans un contexte historique particulier, en ruralité, sans électricité et chez des femmes avec un faible statut nutritionnel. De plus, tous les accouchements, chez les primipares, comme chez les multipares étaient naturels, à domicile et avec peu d’assistance médicale.
Portée sur 120 ans, cette analyse n’a pas montré d’influence prévisible des phases lunaires sur la fréquence des naissances. Lorsque les foyers ont commencé à s’éclairer avec l’invention de l’électricité vers 1879, le nombre des accouchements n’a pas été non plus influencé par la lune.
La conclusion des chercheurs espagnols vient confirmer une étude de cohorte rétrospective publiée dans l’American Journal of Obstetrics and Gynecology en 2005. Elle, s’est basée sur 564 039 naissances entre 1997 et 2001, comptabilisant 62 cycles lunaires. Les auteurs n’ont pas retrouvé d’association dans la fréquence des accouchements, sur la voie d’accouchement et sur les complications.
Alors la croyance de certaines femmes enceintes serait-elle si présente qu’elle les influencerait inconsciemment pour accoucher pendant la pleine lune ?
Quoi qu’il en soit, même si l’on n’a pas fini d’entendre que les accouchements sont plus nombreux en phase de pleine lune, ceci reste un mythe, certes omniprésent dans les croyances mais qui à ce jour reste infondé scientifiquement.