Dans ce travail, publié dans « The Journal of physiology», les chercheurs émettent une association entre prise de substituts nicotiniques par la mère et augmentation de mort subite du nourrisson (MSN), notamment quand l’enfant présente une carence en sérotonine.
Plusieurs études avaient déjà montré l’augmentation des risques de mort subite du nourrisson chez l’enfant exposé in utero au tabac
Parmi elles, on retrouve un lien entre ces décès et des anomalies liées à la sérotonine (5-HT).
Puisque la nicotine est un facteur de stress exogène qui peut affecter directement ou indirectement de nombreux systèmes de neurotransmetteurs dans le système nerveux central dont les serotinergiques et les cholinergiques, impliqués dans les fonctions cardio-respiratoires, des chercheurs se sont intéressés aux effets des substituts nicotiniques.
Leur objectif était de déterminer si une carence en sérotonine, induite par un régime maternel pauvre en tryptophane, était associée une vulnérabilité accrue à l’anoxie, hypoxie, asphyxie des nourrissons durant la période postnatale.
L’étude a été réalisée sur des rats dont les mères ont reçu de la nicotine, avec une carence en sérotonine et exposés à des épisodes d’apnée du sommeil en postnatal, semblables à ceux observés chez les nouveau-nés
Ils ont alors montré, qu’un régime maternel pauvre en tryptophane a diminué significativement la 5 HT au niveau médullaire de la descendance
Les rates avec administration de nicotine et d’un régime pauvre en tryptophane présentaient le taux de mortalité de ratons le plus élevé lorsqu’ils étaient soumis à des épisodes répétés d’anoxie
Les paramètres régime pauvre en tryptophane et exposition à la nicotine entraînaient un taux de survie significativement plus bas surtout au 10e jour de vie comparativement au 5e et 8e jour (respectivement P <0,001 et P = 0,002). Les données suggèrent donc que ces 2 facteurs associés aggravent leur capacité respiratoire à un âge spécifique. Ils ont observé que dans ce groupe la récupération respiratoire était retardée, jusqu’à 2 fois plus longue comparativement aux autres groupes.
La récupération de la fréquence cardiaque chez les ratons soumis à un régime pauvre en tryptophane et nicotine était 4 fois plus longue au cours du dernier épisode d"anoxie que lors du premier.
L’interaction entre les substituts nicotiniques et déficit en sérotonine pourrait compromettre les capacités respiratoires de l’enfant à survivre face à une hypoxie.
Si les substituts nicotiniques sont autorisés chez les femmes enceintes, ces données pointent en faveur d’un sevrage tabagique dès le désir de grossesse.
Source :
Pre‐ and early postnatal nicotine exposure exacerbates autoresuscitation failure in serotonin‐deficient rat neonates. The Journal of Physiology