Dès le plus jeune âge, certains enfants ont plus de risque de développer une allergie. Lorsqu’un parent de 1er degré a ou a eu une allergie prouvée, son risque est de 20% et passe à 43% dans le cas de 2 apparentés allergiques. Avec un frère ou une sœur allergique aux protéines du lait de vache, le risque d’allergie est alors de 33% chez l’enfant.
Dans ces situations, l’allaitement maternel est d’autant plus recommandé, mais que conseiller aux mères qui ne peuvent ou ne souhaitent pas allaiter ? Le point avec Dr Bocquet, pédiatre libéral et au CHU de Besançon, spécialisé en gastro-entérologie.
Laits hypoallergéniques : Y-a-t-il un intérêt?
Les laits 1er âge hypoallergéniques (HA) sont destinés aux enfants définis comme étant à risque allergique, c’est-à-dire, avec au moins un parent du 1er degré allergique, quel que soit le type d’allergie (respiratoire, cutanée, digestive).
En cas d’allergie familiale, les recommandations préconisent un lait HA (fragmentation partielle des protéines par action enzymatique) si la mère ne peut ou ne veut allaiter.
Cette recommandation est issue de différentes publications, dont l’importante étude sur la prévention des allergies, GINI (German Infant Nutritional Intervention), financée par le Ministère allemand. Celle-ci a montré qu’avec un lait HA, les bénéfices se rapprochaient d’un lait de femme en matière de prévention allergique.
Le Comité de nutrition de la Société française de pédiatrie recommande le lait HA en cas de facteurs de risque d’allergie. Ce lait HA ne sera donné que dans les premiers mois, et stoppé dès la diversification. Il s’agit donc d’une prescription sur 4 à 6 mois maximum. Cette recommandation est actuellement remise en question par certains allergologues et certaines publications.
Même si le scepticisme persiste pour certains, au final, on n’a pas grand-chose à perdre mais plutôt à y gagner, puisque des études ont montré que ce type de lait réduisait de 40% la fréquence des dermatites atopiques et semblait limiter le risque d’allergies cutanées, digestives et respiratoires. Des bémols se situent plus au niveau du goût, moins savoureux, des tarifs plus couteux et par l’odeur désagréable et par le manque de consistance des selles qu’ils induisent.
Que préconisez en cas d’allergie aux protéines du lait de vache (APLV)?
Lorsque des enfants présentent des signes cliniques qui disparaissant avec un régime sans protéines du lait de vache, cela évoque généralement une APLV.
Il existe 2 types d’APLV, soit médiée par les IgE soit non IgE médiée. Il est possible de confirmer le diagnostic d’APLV IgE médiée par le dosage des IgE (RAST) et la réalisation de tests cutanés alors qu’il n’existe pas de possibilités de confirmation biologique du diagnostic en cas d’APLV non IgE médiée.
Pour alimenter un enfant atteint d’APLV, il existe 2 types d’hydrolysats de protéines, soit lactées bovines, soit de riz.
Les recommandations internationales préconisent les hydrolysats de protéines lactées bovines parce que ceux de protéines de riz ne sont pas disponibles en Europe du Nord ni aux USA. Par contre, dans les pays où ces hydrolysats sont commercialisés, c’est-à-dire, la France, l’Italie, l’Espagne, on peut tout à fait les recommander en première intention. L’avantage des hydrolysats de protéines de riz, c’est qu’ils ont un meilleur goût, et qu’ils sont moins chers. Ils sont efficaces parce qu’ils ne contiennent aucune protéine lactée, contrairement aux hydrolysats de protéines lactées bovines, où persistent de petits fragments de protéines de lait parfois responsables de non efficacité.
Par contre, dans les cas graves ou pour les enfants résistants aux hydrolysats de protéines lactées bovines, la prescription s’oriente vers un lait à base d’acides aminés. Lorsque les hydrolysats de protéines de riz dont disponibles, on peut essayer de les préconiser en 2e intention, après échec des hydrolysats de protéines lactées bovines, à condition, bien sûr, que l’état de l’enfant le permette.