Les problématiques d’allaitement maternel peuvent être liées aux positions . Mais y a-t-il des différences entre l’approche Biological Nurturing et les pratiques hospitalières classiques issues des recommandations de l’OMS et de l’UNICEF ? Cet essai contrôlé randomisé issu de l’International Breastfeeding Journal nous apporte des éléments de réponse.
L’approche Biological Nurturing (BN) a été développée par Suzanne Colson à partir d’observations menées sur des mères. Appelée aussi « allaitement décontracté », le bébé est couché sur la poitrine et la gravité permet le plus grand contact possible entre le corps du bébé et la poitrine et l'abdomen de la mère. Ainsi la position de la mère favorise les mouvements du bébé par l’activation de 20 réflexes néonatals primitifs qui stimulent l'allaitement. Des études neurophysiologiques ont montré qu’avec cette approche les nourrissons apprennent instinctivement à atteindre le mamelon, à prendre le sein et à téter, et les mères sont capables d'activer les réflexes néonatals par des comportements instinctifs. Cependant, l’efficacité de l’approche Biological Nurturing n’a pas été étudiée en milieu hospitalier.
Un essai contrôlé randomisé s’est intéressé à la méthode BN et l’a évaluée en la comparant aux pratiques hospitalières habituelles. Les chercheurs ont analysé l’impact de ces approches sur la fréquence des problèmes d’allaitement à la sortie de maternité, à 1 semaine, à 1 et 4 mois.
Les femmes du groupe (90) expérimental (BN) ont visionné une vidéo portant le Biological Nurturing avant l’accouchement puis pendant le séjour à la maternité, elles ont été soutenues par les professionnels pour allaiter dans une position détendue avec leur bébé couché sur leur poitrine. Pour le groupe témoin (98), il a été demandé aux femmes de regarder une vidéo avant l’accouchement montrant les positions classiques d’allaitement maternel recommandées par l’OMS et l’UNICEF. Elles ont été accompagnées avec ces mêmes préconisations tout au long du séjour.
Toutes les femmes, quel que soit le groupe, ont fait du peau à peau après l’accouchement, ont allaité à la demande et étaient à proximité de leur bébé 24h/24.
Les professionnels de santé ont été formés pendant 20h sur l’allaitement maternel (recommandations OMS et UNICEF) et pendant 6h sur la méthode BN.
Moins de problèmes mammaires avec l’approche BN
À la sortie de la maternité, la méthode BN réduisait le risque de problématiques d’allaitement de 44%, de crevasses à 58% et de douleur au mamelon à 41%. Il y a eu 1 cas d’engorgement et aucun de mastite.
Ces résultats ont été confirmés 7 jours après la sortie. Il y avait 1 cas d’engorgement et 7 dans le groupe témoin.
A 30 jours, il n’y avait pas de différence significative entre les 2 groupes, par contre, à 120 jours, le risque de problèmes mammaires était plus bas dans le groupe BN (RR 0,51, IC à 95% 0,28, 0,95¸ nombre nécessaire pour traiter 8, IC à 95% 4 , 49).
Les douleurs mammaires représentent une des principales causes d’arrêt précoce d’allaitement maternel. Selon cette étude, l’approche BN, en réduisant les risques de douleurs, de crevasses pourrait être une mesure pour prolonger l’allaitement maternel et ainsi promouvoir plus efficacement ce mode d’alimentation.
Référence :
Colson S. Biological nurturing: the laid-back breastfeeding revolution. Midwifery Today Int Midwife. 2012;101:9–11.
Klaus MH, Kennel JK. Maternal-Infant Bonding: The impact of early separation of loss on family development. 1st American ed. St Louis: The C.V. Mosby Company; 1976.
Li R, Fein SB, Chen J, Grummer-Strawn LM. Why mothers stop breastfeeding: mothers’ self-reported reasons for stopping during the first year. Pediatrics. 2008;122:S69–76
Odom E, Li R, Scanlon K, Perrine CG, Grummer-Strawn LM. Reasons for earlier than desired cessation of breastfeeding. Pediatrics. 2013;131:e726–32.
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