L'alimentation impacte la fertilité, la nidation ainsi que le développement de l'embryon. Stella Cot-Garans, sage-femme libérale à Marseille, spécialisée en micronutrition nous donne des pistes pour améliorer la fertilité des patientes.
Des élements indispensables pour optimiser la fertilité
La fécondation nécessite la mise en place de processus assez complexes mettant en scène l’ovocyte et les spermatozoïdes. Ces cellules sont régies par un environnement qui contrôle l’activité de nos gènes. La maturation folliculaire doit donner un ovocyte de bonne qualité pour fusionner avec le spermatozoïde, transformer son noyau, assurer la 1re division de l’œuf et toutes les étapes de son développement.
Le bon déroulement de ces phases physiologiques nécessite la présence de coenzymes, de vitamines ainsi que d’autres substances chimiques que l’on trouve dans l’alimentation. En cas de mauvaises habitudes alimentaires, certaines pathologies (SOPK, maladie cœliaque…), d’exposition aux toxiques, de stress physique puis oxydatif, l’ovocyte devient incapable d’assurer efficacement ses fonctions. Un rééquilibrage des micronutriments passant par l’alimentation et/ou la prise de compléments alimentaires peut alors constituer un point de départ pour optimiser la fertilité de la femme.
L’amélioration de la qualité des gamètes s’orientent vers une alimentation anti-inflammatoire dont la chronologie des objectifs est de:
Réduire l’acidité du corps et la production d’aromatases
Limiter la production de radicaux libres
Fluidifier la membrane des cellules
Chasser l’acidité
Les cellules produisent de l’acidité, normalement éliminée par le foie, les reins, les poumons et la peau. Cependant si la balance production pèse plus que celle de l’élimination, cette acidité reste dans le corps. Elle participe à la production d’endotoxines dans l’intestin grêle, responsable de l’acidification du milieu et contribuant à l’altération de la flore intestinale.
Le microbiote ainsi déséquilibré entraîne des perturbations du système immunitaire (sensibilité accrue aux infections), de la barrière intestinale (responsable de l’augmentation de la production de toxines et du dérèglement du système endocrinien) et participe à une mauvaise assimilation des nutriments. Toutes ces réactions en chaîne occasionnent une diminution d’énergie.
Evaluer l’acidité de la patiente est donc le 1er point à rechercher. Sans correction de l’équilibre acido-basique, les autres étapes demeureront inefficaces. La mesure de l’acidité est facile à entreprendre puisque l’utilisation de bandelettes urinaires indique le niveau général de l’acidité du corps (le matin entre 6,2 et 6,8 et l’après-midi/soir >7,2). Dans un 2e temps, son utilisation permettra la vérification de l’utilité des actions. Si la bandelette urinaire témoigne d’un excès d’acidité, la correction de l’équilibre acido-basique est réalisable dans un délai d’environ 2 mois, avec des changements alimentaires.
Ces modifications consistent à diminuer les apports de graisses et de sucres dans l’alimentation surtout au petit déjeuner. Le sucre pris le matin étant inflammatoire. Manger davantage de fruits et légumes cuits, boire une eau alcaline puis supplémenter en citrate de magnésium et potassium pour optimiser les substances tampons de notre corps, représentent aussi des actions à privilégier pour parvenir à ce 1er objectif.
Pour favoriser la diminution d’acidité, il est conseillé de restreindre l’apport en protéines à raison de 100 à 120g par jour car, elles-mêmes, créent de l’acidité en puisant dans les réserves des substances tampon de notre corps. De plus, l’estomac n’est pas capable de digérer plus de 40 g de protéines par jour et sa dégradation dans le colon fabrique un excès d’endotoxines favorisant la synthèse d’ammoniac partant dans le foie, ainsi que la création d’aromatases (enzyme qui transforme la testostérone et 2 OH œstradiol en 16 OH œstradiol).
Limiter les radicaux libres
Le corps produits des radicaux libres de façon physiologique et certaines manifestations d’ordre endogène (obésité, inflammation, mitochondrie, détoxification) ou exogène (soleil, tabac, pollution, sucre, sel) peuvent accroître leur développement. Le corps a la faculté de s’en débarrasser grâce aux anti-oxydants. Mais lorsque celui-ci est exposé à un excès prolongé de radicaux libres, une inflammation chronique dite stress oxydatif survient et une attaque de l’ADN est possible. L’enjeu est alors d’apporter des anti-oxydants (polyphénols, caroténoïdes, vitamine A, E, C, flavonoïdes, lycoptènes, tanin, lutéïne et zéaxanthine) pour protéger l’ADN des cellules.
Améliorer la perméabilité membranaire
Enfin, le dernier objectif est de favoriser la fluidité de la membrane cellulaire afin de permettre la pénétration du spermatozoïde. La membrane cellulaire est une membrane bicouche phospholipidique, constituée d’oméga 3 et d’oméga 6. La constitution idéale est de 3 oméga 6 pour 1 oméga 3. En cas de rapport déséquilibré, les cellules sont affectées, les membranes deviennent anormalement rigides, perdent plus de 90% de leurs canaux, elles deviennent incapables d’échanger la nourriture et d’éliminer les toxines ainsi que les radicaux libres. De cette façon, les cellules vont dysfonctionner ou carrément bloquer leurs fonctions et répercuter leur défaillance par l’apparition de pathologies.
Nous pouvons agir sur la fluidité des membranes cellulaires en demandant un bilan dosant le rapport d’acides gras érythrocytaires, que les sages-femmes peuvent prescrire (bilan non remboursé). Les résultats permettront de modifier l’apport d’acides gras dans l’alimentation et d’apporter des oméga 3, si nécessaire.