Pour plusieurs centres médicaux chinois, l’acupuncture serait bénéfique pour restaurer une miction spontanée après un accouchement.
La rétention urinaire du post-partum est définie comme l’incapacité d’uriner dans les 6 heures suivant l’accouchement ou dans les 6 heures suivant le retrait d’une sonde à demeure après une césarienne.
Son incidence serait estimée selon les études entre 1,7% et 17,9% (1,2). Lorsqu’ une accouchée présente une rétention urinaire du post-partum, elle peut être sondée à demeure pendant 24 à 72 heures, voire une semaine ou plus si les symptômes persistent. Selon les équipes, c’est le sondage urinaire évacuateur qui est préconisé car il diminuerait la probabilité d’infection urinaire (13,14).
Pour plusieurs centres médicaux chinois, l’acupuncture serait bénéfique pour restaurer une miction spontanée (15-16). Toutefois, les études portant sur l’acupuncture et le post-partum ont recours à des protocoles différents, elles n’ analysent pas les résidus post-mictionnels ni le suivi post-traitement. Dans cette étude publiée dans European Journal Obstetrics & Gynecology Reproductive Biology, des chercheurs ont évalué l’acupuncture comme alternative au sondage urinaire à demeure en cas de rétention urinaire du post-partum, ainsi que les mesures des volumes échographiques par bladder scanner.
Méthodologie de l’étude
Dans cet essai prospectif randomisé cas-contrôle, les chercheurs ont établi que les femmes qui n’avaient pas de miction spontanée dans les 4 heures suivant la naissance étaient traitées par sonde à demeure pendant 24 heures. Pour les femmes donnant naissance par césarienne et qui avaient une sonde urinaire à demeure, celle-ci était retirée suivant les 8 à 12 heures le lever de la patiente. Pour les femmes qui n’urinaient pas spontanément dans les 4 heures suivant le retrait de la sonde, le dispositif était réinséré.
Lors de l’étude, 55 patientes présentaient des résidus post-mictionnels supérieurs à 150 ml (entre 500 ml et 1000ml), par évaluation échographique. Parmi elles, 25 souhaitaient suivre un traitement par acupuncture contre 30 qui préféraient le traitement classique.
Les points d’acupuncture utilisés
Le traitement par acupuncture a été réalisé par un acupuncteur expérimenté. Les points sélectionnés étaient basés sur la théorie des méridiens et l’expérience clinique. Les points d’acupuncture ont inclus :
Le BL 28 (Pangguangshu), pour réguler la vessie et la miction, le BL 32 (Ciliao), connu pour éliminer l’obstruction vésicale, le LU 7 (Lieque) et le KI 6 (Zhaohai)qui régulent l’apport sanguin dans la vessie, le HT 7 (Shenmen), connu pour calmer et le SP 6 (Sanyinjiao) qui favorise la miction.
Après diagnostic, 5 à 7 points d’acupuncture ont été établi par l’acupuncteur pour chaque traitement.
Résultats
Il n’y avait pas de différences significatives entre le groupe contrôle et le groupe témoin. Toutes les patientes exceptée une ont repris une miction spontanée après le retrait de la sonde à demeure. Dans le groupe d’étude, 2 patientes n’ont pas repris la miction dans l’heure qui a suivi le traitement par acupuncture. L’une présentait des problèmes antérieurs de rétention urinaire, elle a été traitée par sondage urinaire pendant 10 jours puis a repris des mictions spontanées. L’autre souffrait d’un œdème périnéal après accouchement avec ventouse. Elle a uriné spontanément après 3 jours de sondage urinaire à demeure.
Aucune des patientes ayant repris une miction spontanée dans le groupe acupuncture n’a nécessité un traitement supplémentaire.
Les résidus post-mictionnels ont été évalués par échographie dans le groupe témoin et d’étude avant la sortie. Ils étaient inférieurs à 50 ml.
L'acupuncture, une alternative à approfondir
La reprise mictionnel après un accouchement ou après le retrait d’une sonde urinaire à demeure doit être surveillée attentivement car la distension vésicale peut conduire à une atonie du détrusor et un dysfonctionnement vésical prolongé (19). Il est donc important de fournir aux patientes des mesures incitatives ainsi qu’un traitement efficace pour les éventuels œdèmes et douleurs du périnée. Si les mesures préventives n’ont pas suffi, les soignants ont recours au sondage urinaire (à demeure ou évacuateur selon les équipes).
Selon cette étude, l’acupuncture serait une alternative au sondage efficace pour 92% des patientes, validée par une vérification échographique des résidus post-mictionnels en quantité minime.
Mais si l'étude manque de puissance par le nombre limité de patientes , elle ouvre au moins de nouvelles perspectives, pour le traitement des retentions urinaires du post-partum, qui méritent d’être approfondies.