Connue pour rétablir un équilibre énergétique, l'acupuncture semble donner des clés pour prévenir les désordres physiques et psychiques de la grossesse. Si certains l’utilisent avec conviction, d’autres sont plus frileux. Qu'apporte cette médecine chinoise chez les femmes enceintes ? Le point avec Gilles Michel, sage-femme acupuncteur à Marseille.
Pourquoi l'acupuncture dans le champ de la périnatalité?
L’acupuncture peut intervenir à diverses étapes : en préconception, dans le cadre d'une FIV, pendant la grossesse, pour accompagner les patientes avec antécédent de grossesse à risque et tout au long de la vie féminine. Les troubles du cycle, mycoses, infections urinaires à répétition et les troubles de la ménopause trouveront aussi une solution, en complément du traitement allopathique ou lorsque celui-ci a échoué.
L’acupuncture trouvera sa place à chaque trimestre de la grossesse :
Au 1er Trimestre :Amélioration de la tolérance des signes sympathiques de grossesse, la diminution de l’anxiété des patientes lors de prélèvements ovulaires.
Aux 2ème et 3ème trimestres : C’est la période où l’acupuncture trouve son intérêt majeur pour les patientes car, nous pouvons intervenir sur tous les désagréments de la grossesse et accompagner les femmes hospitalisées : troubles ostéo-articulaires, sommeil, anxiété, troubles circulatoires, digestifs et urinaires…L’intervention de l’acupuncteur pourra dans le cadre de grossesses à risque et si la prise en charge est menée précocement, limiter, retarder voire empêcher l’apparition ou la récidive de certaines pathologies ( MAP, Diabète, RCIU, HTA…). L’acupuncture peut agir aussi dans la maturation cervicale, permettant un déclenchement médical plus facile en améliorant le score de Bishop.
Puis dans le post-partum: L’acupuncture trouvera une solution efficace dans les problèmes d’allaitement (absence de montée laiteuse, engorgement, sevrage, inhibition et crevasses), d’œdème vulvaire, pour les douleurs de cicatrice, la rétention urinaire, les hémorroïdes… Plus tard, lors du retour à la maison, d’autres problèmes peuvent survenir : dépression du post-partum, dyspareunies, baisse de la libido, sécheresse vaginale et là aussi, cette médecine chinoise peut accompagner les patientes à mieux aborder ce changement radical de leur vie, qui est la parentalité.
Peut-on améliorer le pronostic materno-fœtal ?
La preuve scientifique de l’amélioration du pronostic materno-fœtal grâce à l’acupuncture est très difficile à réaliser, compte tenu des conditions d’évaluation d’une thérapeutique par la communauté scientifique. Celles-ci ne sont pas adaptées à cette pratique puisque pour un même symptôme le traitement pourra être diffèrent d’une patiente à l’autre. Par contre, ce que les patientes décrivent est une réelle sensation de bien-être et de soulagement.
Pour les hospitalisées, l’acupuncture leur permet de mieux vivre leur séjour. Dans mon mémoire de fin d’études (diplôme inter-universitaire d'acupuncture. "Evaluation de l'intérêt de créer une consultation d'acupuncture en niveau 3"), j’ai souhaité apprécier la satisfaction des patientes ayant bénéficié des séances d’acupuncture réalisées lors de leur hospitalisation dans le service des grossesses à risque. Elles avaient été choisies au hasard et leur séjour comptait au minimum 4 jours. Le questionnaire était rempli 48h après la première séance.
À la question, pourquoi l’acupuncture devrait se développer en niveau 3 ? Les patientes ont répondu très positivement, voici quelques commentaires : « elle apporte un bien-être important pendant l’hospitalisation », « parce que c’est efficace !», « C’est une solution alternative naturelle », «il n’y a pas d’effet secondaire », «c’est une approche non médicamenteuse qui permet un moment privilégié d’écoute», « facilité de mise en œuvre, faible coût, pas d’effet secondaire, grande efficacité ».
De façon plus générale, les patientes ont noté : « heureuse d’avoir pu en bénéficier durant mon hospitalisation », « cela me soulage sans prendre de médicaments, cela procure du bien-être, merci de m’avoir fait découvrir l’acupuncture », « du personnel qualifié en acupuncture ne peut représenter qu’un vrai plus dans un service tel que celui-ci dans la prise en charge globale des patientes », « dans mon cas l’acupuncture a été un palliatif très intéressant par rapport aux produits médicamenteux habituellement utilisés pour les troubles que je présentais. J’aime aussi son approche thérapeutique très fortement personnalisée, mais surtout cela m’a permis de me calmer, de m’apaiser quant à la situation qui m’a été imposée. J’y ai beaucoup gagné en sérénité et en acceptation », « merci de m’avoir permis de découvrir l’acupuncture. Après l’accouchement, si j’en ai la possibilité, j’aimerai poursuivre ». Les patientes sont très réceptives et satisfaites dans 80% des cas.
Qu'en pensent les professionnels ?
L’accueil de l’équipe médicale vis-à-vis de cette pratique a été plus que mitigé, en tout cas au début. Il est vrai que dans la communauté médicale, il est admis qu’il ne faille rien croire sans preuve. Mais l’acupuncture a su faire ses preuves toute seule. D’abord par le témoignage des patientes, puis par ceux de mes collègues, qui ont bénéficié d’acupuncture pendant leur grossesse. Leurs expériences ont renforcé l’adhésion de l’ensemble de l’équipe de sages-femmes. Leur curiosité vis-à-vis de cette pratique commence à s’éveiller et ils sont de plus en plus enclins à intégrer l’acupuncture dans leur pratique.