Un couple sur 6 va consulter au moins une fois au cours de sa vie pour un problème d’infertilité. Ce chiffre est grandissant. Infertilité expliquée ou non, le parcours est un loin d'être un long fleuve tranquille. Déborah Schouhmann Antonio, thérapeute (couple, familial, sexothérapie, périnatalité) partage avec nous ses réflexions sur le sujet.
Pourquoi un couple sur 6 consulte pour infertilité ?
En 1er lieu l’âge tardif des femmes, lorsque vient à elles le désir d’enfant. L’âge moyen de la première grossesse est aujourd’hui en France de 31 ans, contre 21 ans en 1967. Ce paramètre de l’âge, notamment chez les femmes, est d’autant plus important à souligner que la fertilité féminine n’est pas égale de la puberté à la ménopause. En effet, une femme de 25 ans en pleine santé a en moyenne 25% de chance de tomber enceinte par cycle. Ce chiffre est divisé par 2 à l’âge de 35 ans, passant ainsi en moyenne à 12% !
D’autres facteurs rentrent en ligne de compte dans la modification et la baisse de qualités des gamètes (ovocytes comme sperme) : tabac, stress, cannabis, perturbateurs endocriniens, obésité ou encore anorexie, etc.
Evidemment tous ces facteurs ne sont pas les seuls à rendre difficile la maternité, il faut aussi prendre en compte les diverses pathologies aussi bien féminines que masculines. Citons les Ovaires Polykystiques, les pathologies du sperme, l'insuffisance ovarienne, les problèmes de glaire cervicale, les problèmes de trompes et sans oublier l’endométriose !
Les affres de la PMA
Pour de nombreux couples l’entrée en PMA est à la fois pleine d’espoir mais ouvre également une période de deuil : renoncer à concevoir un enfant naturellement. Les couples ont en effet déjà à leur actif de nombreux échecs dans leur essai bébé, chaque cycle donnant lieu à des règles est un deuil à faire !
Cette étape de la PMA, même si elle signe le début d’une relation à trois entre le couple et la médecine, est aussi un espoir sans pareil pour que ce dernier puisse enfin voir aboutir son projet de maternité.
La difficulté à avoir un enfant engendre psychologiquement bien des questionnements et des souffrances. Ne pas réussir à enfanter remet souvent en cause pour une femme sa part de féminité, sa confiance en elle mais aussi son rapport aux autres. C’est pour les hommes la virilité qui sera bien sûr ébranlée, mais aussi sa capacité à protéger et rendre heureuse sa compagne.
Plus la difficulté à enfanter sera longue et plus la femme remettra en cause toute sa vie, aussi bien personnelle, amoureuse, ou encore professionnelle et amicale. La souffrance, la tristesse et la colère que ressentent les femmes, se matérialise quotidiennement par la difficulté à croiser une femme enceinte, à voir des poussettes, à partager la joie d’une amie qui annonce sa grossesse ; car tous ces moments de vie les renvoient à la douleur de ne pas être mère. L’attente de la maternité devient une mise entre parenthèse de toute la vie.
Exprimant moins leur ressenti, leurs doutes ou leur colère, les hommes sont moins lisibles pour les autres. Pour autant, ceux qui se sentent légitimes à protéger leur conjointe se retrouvent bien démunis face à la souffrance de leur partenaire . Ils sont eux même dans une douleur profonde qu’ils ont souvent beaucoup de mal à verbaliser.
Le regard des autres sur cet échec qu’il soit verbalisé ou non, mais compréhensible de tous puisque le couple n’a pas d’enfant, devient comme étant la seule chose définissant les couples !
Des Groupes de parole pour accompagner l’infertilité !
Depuis mai 2015, l’Hôpital Américain de Paris propose en son sein, des groupes de parole dédiés aux personnes en parcours PMA, sans distinction d’âge, de pathologie, ou de durée des parcours ; Ces rendez-vous, animés par une thérapeute et coach spécialisée en infertilité, sont bimensuels et regroupent 10 participants maximum.
Les groupes de parole permettent aux patients de partager leurs expériences avec d’autres personnes traversant une situation similaire et ainsi mesurer que leur ressenti ou attitude n’est pas anormale, mais bien liés à la difficulté d’aboutir à une maternité. Cette espace d’échange libre et sans jugement leur permet aussi de lutter contre l’isolement social en rencontrant d’autres personnes qui partage une histoire et un langage commun. Les rencontres régulières tissent un lien entre les participants, qui se suivent tout au long de leur parcours PMA.
Les patients apprécient particulièrement dans ces échanges en réels et non en virtuels, comme sur les forums internet, le regard bienveillant des participants qui leur est essentiel.