« Que ton aliment soit ton seul médicament », notre cher Hippocrate était un avant-gardiste ! Pour ces chercheurs américains, l’alimentation, particulièrement le régime méditerranéen chez les femmes enceintes, réduit de 20% le risque de prééclampsie.
Fruits, légumes, légumineuses, noix, amandes, huile d’olive, aliments peu transformés, le régime méditerranéen est connu comme ayant des effets bénéfiques sur la santé. Prévention des risques de maladies cardio-vasculaires, de cancers, mais pas que selon cette étude publiée dans le Journal of American Heart Association, les femmes enceintes en tirent aussi des bénéfices dans la réduction du risque de prééclampsie.
Rappel sur la prééclampsie
En France, près de 15 000 femmes enceintes sont concernées par la prééclampsie. Survenant plutôt dans la deuxième partie de la grosssesse, elle associe une hypertension artérielle ≥140/90 mmHg (deux prises espacées), et une protéinurie ≥ 0,3g/24h. Elle devient sevère quand au moins un des critères suivants apparaissent :
● Une HTA sévère (PAS ≥ 160 mmHg et/ou PAD ≥ 110 mmHg) ou non contrôlée
● Une protéinurie > 3g/24h
● Une créatinémie ≥ 90 µmol/L
● Une oligurie ≤ 500 mL/24h ou ≤ 25 mL/h
● Une thrombopénie < 100 000/mm3
● Une cytolyse hépatique avec ASAT/ALAT >2N
● Une douleur abdominale épigastrique et/ou une douleur de l’hypochondre droit « en barre » persistante ou intense
● Une douleur thoracique, une dyspnée, un œdème aigu du poumon
● Des signes neurologiques : céphalées sévères ne répondant pas au traitement, troubles visuels ou auditifs persistants, réflexes ostéo-tendineux vifs, diffusés et polycinétiques.
Cette pathologie obstétricale peut mettre en jeu le pronostic vital de la mère et de l’enfant à naître. Responsable de défaillance organique, elle est aussi la cause de prématurité pour un tiers des naissances. Quand l’issue est fatale pour la mère, selon des experts, elle est dans 70% des cas évitables.
A ce jour, il n’existe pas de thérapeutique pour guérir la prééclampsie. Soit le traitement antihypertenseur stabilise la tension artérielle et la surveillance médicale de la parturiente ne montre pas de complication, soit, dans le cas contraire, la seule option est d’accoucher.
Alors, à défaut d’un traitement pour guérir la prééclampsie, une étude se penche sur la prévention.
Manger sain, toujours la clé d’une bonne santé
Pour protéger les femmes enceintes et l’enfant des effets de la maladie gravidique, l’alimentation joue un rôle non négligeable puisqu’avec un régime méditerranéen, le risque de prééclampsie est réduit.
Protéger du risque de prééclampsie c’est protéger la santé future de la mère puisque celle-ci est un facteur de risque de maladie cardio-vasculaire.
Un travail mené par une équipe universitaire de Baltimore a étudié les données de plus de 8 500 femmes inscrites entre 1998 et 2016 à la Boston Birth Cohort. Les femmes étaient âgées en moyenne de 25 ans. Environ 50% des femmes étaient afro-américaines et un 25% des hispaniques.
Dans les trois mois qui ont suivi l’accouchement, les femmes ont été questionnées sur leur alimentation. A partir de leurs réponses, les chercheurs ont crée un score d’adhésion au régime alimentaire de type méditerranéen.
Sur la population étudiée, 10 % ont développé une prééclampsie.
Les résultats ont montré que les femmes noires avec des scores de régime de style méditerranéen les plus bas avaient un risque de 72% plus élevé de prééclampsie comparativement aux autres femmes qui adhéraient plus facilement au régime de style méditerranéen.
En suivant un régime type méditerranéen pendant la grossesse, la réduction du risque de prééclampsie était de 20%.
Si d’autres investigations sont nécéssaires pour mieux comprendre comment l’alimentation influe sur la prééclampsie, il s’agit là de résultats très intéressants faciles à appliquer et avec un enjeu important puisque se joue la santé de la mère à court et plus long terme et celle de l’enfant à venir.
Références :
sfar.org
Health Benefits of the Mediterranean Diet: Metabolic and Molecular Mechanisms - J Gerontol A Biol Sci Med Sci. 2018 Mar 2;73(3):318-326. doi: 10.1093/gerona/glx227
grossesse-sante.org