Dans cette étude, des chercheurs français ont comparé la survenue des complications materno-fœtales chez des patientes atteintes d’une cholestase intra-hépatique gravidique de survenue précoce et tardive.
En France la prévalence de la cholestase gravidique est de 5 sur 1000 naissances. Elle est la pathologie hépatique la plus fréquente de la grossesse mais redoutée par les professionnels par son risque de mort fœtale in utéro (risque estimé de 1 à 2 %).
Dans une étude rétrospective monocentrique (maternité type 3)
Les auteurs ont inclus des patientes présentant une grossesse singleton, avec un prurit caractéristique, à un terme supérieur à 25 semaines d’aménorrhées et avec un taux d’acides biliaires supérieur à 8 mol/L.
Les cholestases gravidiques diagnostiquées avant 32 semaines d’aménorrhées et 6 jours étaient considérées précoces et après 33 semaines d’aménorrhées, tardives. Elle était classée sévère quand le taux d’acides biliaires était égal ou dépassait 40 mol/L.
Les patientes étaient prises en charge selon le protocole de service : prise en charge ambulatoire hebdomadaire pour les formes modérées ou hospitalisation pour les formes sévères, administration d’acide ursodesoxycholique associé à des anti-histaminiques H1, naissance pour les formes sévères et persistantes dès 36 semaines d’aménorrhées et 38-39 pour les cholestases modérées).
Les complications relevées étaient : une mort fœtale in utero, une menace d’accouchement prématuré, un terme de naissance inférieur à 37 semaines d’aménorrhées, une hémorragie du post-partum, un liquide amniotique teinté ou méconial pendant le travail, un score d’Apgar à` 5 minutes de vie inférieur à 7, un pH artériel au cordon inférieur à 7, une hospitalisation de l’enfant en néonatologie, une détresse respiratoire aigüe, un décès néonatal.
Au total, sur 138 patientes, 40 patientes ont été diagnostiquées avant 33 semaines d’aménorrhées et 98 à partir de 33 semaines d’aménorrhées, 15 ont été diagnostiquées précocement avec une cholestase sévère.
Doit-on davantage craindre une cholestase gravidique précoce ou tardive ?
- Près de 46,4% des femmes présentaient un prurit sévère au diagnostic
- Le taux global de prématurité était de 21,7% et la prématurité induite de 17,4%.
- Ils ont mis en évidence un taux plus élevé de survenue d'au moins une complications materno-fœtales dans le groupe des femmes avec une cholestase avant 33 semaines d’aménorrhées (45% vs 17% avec p < 0,05) (sans pour autant être plus sevère). Un taux de menace d’accouchement prématurité était significativement plus élevé (30% vs 10%, p<0,05) aussi dans ce groupe.
- Aucune mort fœtale in utéro n’a été rapportée dans les 2 groupes.
- En ce qui concerne les 15 patientes avec une forme sévère et précoce, le taux de complications maternelles et fœtales est passé à 73% (vs 19% comparativement aux cholestases tardives et modérées). Dans les critères étudiés, seule la prématurité induite était augmentée de façon significative dans ce groupe (60% vs 30%, p < 0,5).
Cette étude a permis de mettre évidence l’existence de complications materno-fœtales plus importantes pour les cholestases intra-hépatiques de survenue précoce, et de façon significative pour les menaces d’accouchement prématurité et la prématurité induite. Ce qui corrobore les résultats d’autres études.
Mais la faible puissance de cette étude et son caractère monocentrique ne permettent pas de conclure sur les autres types de complications relevées pour orienter vers une prise en charge cinique plus spécifique.
Réference : Cholestase intrahépatique précoce et tardive de la grossesse (ICP): étude des issues défavorables de la grossesse. Gynecol Obstet Fertil Senol 2018 avril; 46 (4): 388-394.