En 2012, les experts de la Cochrane Review démontraient sur la base de 26 études l’inefficacité de la canneberge dans la prévention des infections urinaires. En 2023, la méta-analyse a été remise à jour, et là coup de théâtre : la canneberge réduit le risque d’infection urinaire symptomatique jusqu’à 53% !
Comprimés, boissons, les produits à base de canneberge se sont développés ces dernières années pour prévenir le risque d’infections urinaires chez les personnes sujettes à ces désagréments.
La canneberge contient des substances antioxydantes aux vertus intéressantes : les proanthocyanidines. Elles inhibent l’adhésion d’Escherichia coli sur les parois urothéliales tapissant la vessie. Elles intéressent les scientifiques depuis bientôt 30 ans, la première revue Cochrane a été publiée en 1998. Elle a été remise à jour pour la 5e fois en 2023.
Si la canneberge était soumise à la controverse précédemment, elle est mise en 2023 sur le devant de la scène.
Dans cette dernière mise à jour, les experts de la Cochrane ont inclus 50 études comprenant 8 857 patients. Ils ont évalué l’efficacité de la canneberge dans la prévention des infections urinaires chez les populations sensibles, versus placebo ou absence de traitement ou bien une autre intervention (antibiotique ou probiotique).
La comparaison de la canneberge à un placebo ou l’absence de traitement ont été évaluées dans 45 études.
Les produits à base de canneberge réduisaient le risque d’infection urinaire (RR 0,70, IC à 95 % 0,58 à 0,84 ). Ils réduisaient probablement le risque d'infections urinaires symptomatiques vérifiées par culture chez les femmes souffrant d'infections urinaires récurrentes (RR 0,74, IC à 95 % 0,55 à 0,99), chez les enfants (RR 0,46, IC à 95 % 0,32 à 0,68) et chez les personnes susceptibles de développer une infection urinaire en lien avec une intervention (RR 0,47, 95 % IC 0,37 à 0,61).
Par contre, il pourrait y avoir peu ou pas de bénéfice chez les populations âgées placées en institution, les adultes présentant un dysfonctionnement neuromusculaire de la vessie et les femmes enceintes.
Les produits à base de canneberge présentent peu ou pas de différence sur le risque d'infections urinaires symptomatiques vérifiées par culture comparativement aux antibiotiques(RR 1,03, IC à 95 % 0,80 à 1,33) ou sur le risque de symptômes cliniques.
Par rapport aux probiotiques, les produits à base de canneberge peuvent réduire le risque d'infections urinaires symptomatiques vérifiées par culture (RR 0,39, IC à 95 % 0,27 à 0,56).
Les études ne permettent pas d’orienter vers une forme de canneberge plutôt qu’une autre (jus, sirop, comprimés) pour son efficacité, car le niveau de confiance des preuves est faible.
Pour résumer, cette méta-analyse soutient que le recours à la canneberge réduit le risque d’infection urinaire symptomatique vérifiée par culture chez les femmes sujettes aux infections urinaires récurrentes, les enfants, les personnes plus sensibles aux infections urinaires en raison d’une intervention.
Photo de Irita Antonevica: https://www.pexels.com/fr-fr/photo/gros-plan-de-fraises-306800/