L’hypnose est une technique ancienne, utilisée pour le soin dans les sociétés occidentales depuis au moins 200 ans. Ses mécanismes physiologiques ont été et sont encore régulièrement étudiés. Mystérieuse pour certains, spectaculaire pour d’autres, sa définition n’est pas si claire pour tout le monde. Nous avons cherché à en savoir plus avec Jean-Daniel Henry, sage-femme et hypnothérapeute en libéral, intervenant au DU Hypnose médicale de Paris.
Définir l"hypnose
L’hypnose est un état naturel et tout le monde peut accéder à cet état physiologique. Les études d’imagerie cérébrale fonctionnelle démontrent que l’état hypnotique produit des changements conséquents de l’activité cérébrale en lien avec la transe hypnotique.
Sur le plan étymologique, le mot hypnose est dérivé du grec « hypnos » et désigne le dieu du sommeil. Si on se penche sur sa signification donnée par le Larousse, c’est un « état de conscience particulier, entre la veille et le sommeil, provoqué par la suggestion ». On peut donc comprendre que celle-ci sème le trouble auprès du grand public, pouvant s’imaginer que l’hypnose est une manipulation de leur pensée par l’hypnothérapeute.
Détente corporelle et activation de l'imaginaire
Longtemps l'hypnose a été considérée comme un état modifié de conscience. Mais aujourd'hui de nombreux thérapeutes évoquent préférentiellement le terme de fonction car l'hypnose accompagne un changement à l'initiative du patient, lui permettant de trouver des ressources pour l’aider à solutionner un questionnement propre.
Ce dernier retrouve ainsi une plus grande fluidité dans ses pensées, ce qui l'autorise naturellement à agir plus librement et plus sereinement. François Roustang (ndlr : philosophe français, ancien jésuite et psychanalyste qui devient hypnothérapeute) a proposé la notion de sommeil paradoxal pour souligner justement le paradoxe de cette fonction qui en apparence donne l'impression de voir le patient dormir. Dans ses ouvrages, on parle de « veille paradoxale ».
Ce terme, vient d’un constat où lors d'une séance d'hypnose, on observe une immobilité du corps qui reste indifférent à tous les stimuli extérieurs, hormis la voix du thérapeute. Le sujet restant attentif à tout ce qui se passe en lui et au développement de son imaginaire. Ce terme vient du parallèle que fait François Roustang entre l’état de sommeil paradoxal (le corps se relâche, le cerveau active la création de rêve) et l’état d’hypnose offrant au patient une détente corporelle et l’activation de l’imaginaire en état de veille (c’est à dire sans sommeil, le patient ne dort pas).
Cette définition ouvre des perspectives d'explications aux professionnels de santé, ainsi qu'aux patients, beaucoup plus compréhensibles et moins rédhibitoires que le terme « hypnose », trop affilié au spectacle et à cette perte de contrôle que les patientes appréhendent. Ainsi la patiente se sentira beaucoup plus détendue par rapport à cette expérience.