Comment se porte la santé périnatale en Europe ? Le projet Euro-Peristat vient de publier son dernier rapport.
Le rapport Euro-Peristat (publié le 26 novembre 2018) est issu de données statistiques provenant de 31 pays (28 pays membres de l’UE, la Norvège, l’Islande et la Suisse). Ce projet coordonné par l’INSERM porte sur la santé périnatale en 2015. En s’appuyant sur 10 indicateurs de base et 20 recommandés, il permet de situer la France par rapport aux pays voisins et nous donne une comparaison avec les chiffres du précédent rapport de 2010.
Des facteurs de risque en augmentation pour la mère et l’enfant depuis 2010
Si les chiffres sont assez contrastés au sein des pays participants, tous, y compris la France, se heurtent au même défi à relever pour diminuer les facteurs de risque pour la mère et l’enfant.
Globalement le taux de femmes fumant pendant la grossesse a chuté de 13% entre 2010 et 2015 alors qu’en France, le taux est resté stable (16,3% au 3e trimestre), ce qui la place au 20e rang sur les 22 pays ayant fourni des statistiques sur cette donnée.
Le rapport met aussi en avant le vieillissement, de plus en plus de femmes donnent naissance à un âge avancé en France (14e rang avec 20,6% de femmes ayant 35 ans et plus en 2015) mais aussi dans les autres pays.
A risque d’accouchement prématuré, de mortalité et morbidité périnatales, le taux de grossesses gémellaires atteint 17,1 pour 1000 naissances en France, la plaçant au 22ème rang.
La mortinatalité en augmentation en France
Le rapport note un niveau élevé d’enfants mort-nés en France avec 3 décès pour 1000 naissances (21e rang) et une mortalité néonatale stable depuis 2005 quand les autres pays européens ont vu leur tendance baisser. Pour mieux comprendre ce niveau de mortalité, Béatrice Blondel, représentante de la France dans le comité scientifique du projet Euro-Peristat, précise dans le communiqué de l’INSERM qu’« il semble nécessaire d’analyser la situation en France de manière approfondie, comme le fait actuellement le Royaume-Uni dans un programme spécial d’analyse des statistiques existantes et d’audits abordant successivement différentes catégories de décès. ».En effet, mieux comprendre ces chiffres permettra de dégager des plans d'action pour améliorer cette grande faiblesse.
Césarienne : La France bien classée dans les situations à haut risque
Le taux médian de césarienne est de 27% en Europe. Globalement le taux de césarienne était 4% plus élevé en 2015 qu’en 2010, taux influencé par les pays où ce mode d’accouchement a explosé dont la Roumanie, par exemple, avec une hausse de 27%.
En France, le taux reste stable et elle se situe dans le groupe des pays avec le taux le plus bas de césarienne, la plaçant au 7e rang. Les chiffres révèlent que dans les situations à risque, la France se trouve bien classée :59 % quand il y a antécédent de césarienne (3e rang), 75 % en cas de présentation par le siège (4e rang), et 54 % dans le cas de grossesses multiples (5e rang).
La richesse de ces données, notamment pour celles de la France où le système d’information a été amélioré, met en évidence des axes sur lesquels il faut travailler. Particulièrement la mortinatalité, pour mieux comprendre son augmentation et déployer des axes pour inverser la tendance.