Une revue systématique et une méta-analyse renforcent le lien d’association entre traumatismes vécus dans l’enfance et douleurs chroniques à l’âge adulte. Les résultats ont été publiés dans le Journal Européen de Psychotraumatologie.
Dans les années 90, des études s’étaient intéressées aux liens entre les événements traumatisants vécus par les enfants et les effets délétères sur la santé mentale et physique de l’adulte. Ces événements sont appelés ACEs pour Adverse Childhood Experiences. Ces recherches montraient déjà un lien entre le nombre d’événements traumatiques subis et le risque majoré de problème de santé une fois adulte. Parmi les effets sur la santé, il y a avait la dépression, l’anxiété, le suicide, les maladies cardiovasculaires, les addictions.
Douleurs chroniques majorées et incapacité à réaliser des activités de la vie quotidienne
Cette recherche issue de l’European Journal of Psychotraumatology a porté sur 826 452 adultes. Les études observationnelles ont inclus les association entre événements traumatiques directs chez l’enfant (abus physiques, sexuels, émotionnels, négligences pendant l’enfance) seuls ou associés avec des situations difficiles indirectes (assister à des violences, personne souffrant de maladie mentale dans le foyer) et la douleur chronique chez l’adulte et l’incapacité liée à la douleur.
Les résultats montrent que le risque de signaler une douleur à l’âge adulte était significativement plus élevé en cas d’événement traumatique direct (aOR, 1,45, IC à 95 %, 1,38-1,53).
Les adultes ayant subi des violences physiques dans l’enfance manifestaient plus souvent une douleur chronique (aOR, 1,50, 95CI, 1,39-1,64) et une incapacité à réaliser des activités quotidiennes du fait de la douleur (1,46, 95CI, 1,03-2,08).
En cas d’exposition à un événement traumatique direct seul ou combiné à des événements traumatiques indirects, le risque de souffrir de douleur chronique à l’âge adulte était augmenté (1,46, 95CI, 1,03-2,08) tout comme le risque de souffrir d’une invalidité liée à la douleur (OR ajusté, 1,29 ; IC à 95 %, 1,01-1,66).
Plus il y a d’événements traumatiques, plus le risque de douleurs chroniques augmente. L’OR passe pour un événement traumatique de 1,29 (IC à 95 %, 1,22-1,37) à 1,95 pour 4 événements ou plus (IC à 95 %, 1,73-2,19).
Ces résultats s’observent, quelle que soit la zone géographique.
Un fléau à éradiquer
Plus d’un milliard d’enfants sont exposés à des événements traumatiques dans le monde. La prévalence était estimée à 44% dans les pays à revenu élevé et à 59% dans les pays à faible revenu ou intermédiaire (HIllis 2016). Ces événements sont un véritable fardeau, imaginons l’impact sur la santé physique, psychique à l’âge adulte et les dépenses de santé qu’ils représentent. Il est primordial de s’attaquer à la racine de ces événements.
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