Après l’alerte lancée aux professionnels en février 2019, l’ANSM confirme avec une étude le sur-risque de méningiome chez les femmes traitées par Lutéran ® et Lutényl ®.
Pour analyser les signalements émis en 2019 sur la prise d’acétate de nomégestrol (Lutényl ® et génériques ), et de chlormadinone (Lutéran ® et génériques) et les risques plus importants de méningiome, une étude épidémiologique a été conduite par les épidémiologistes experts du Groupement d’intérêt scientifique Epi-phare. Les résultats ont été présentés le 8 juin 2020 à l’occasion d’une réunion du comité scientifique portant sur les macroprogestatifs et le risque de méningiome.
Un traitement supérieur à 6 mois multiplie plus de 3 fois le risque de méningiome
Les experts confirment le sur-risque de méningiome chez les femmes exposées au Lutéran® et Lutényl ® (et génériques). L’augmentation est plus importante en fonction de la dose utilisée, la durée du traitement et aussi selon l’âge de la patiente.
L’étude a mis en évidence qu’un traitement supérieur à 6 mois multipliait par 3,3 le risque pour l'acétate de nomégestrol et par 3,4 pour la chlormadinone.
Lorsque la dose cumulée correspond à 5 ans de traitement, le risque est multiplié par 12,5 pour le Lutényl ® et pour une dose cumulée correspondant à 3,5 ans d’administration, le risque est mulitplié par 7 pour le Lutéran ®. Le risque de méningiome indiquant une chirurgie intracrânienne augmente quant à lui avec l’âge. En effet, il est 3 fois plus élevé pour les femmes âgées de 35 à 44 ans comparativement aux femmes de 25 à 34 ans.
Des recommandations pour les professionnels
En attendant une phase de concertation pour adopter les mesures appropriées à l’automne prochain, l’ANSM propose aux professionnels d’informer les patientes de l’existence de ce sur-risque de méningiome, de réévaluer la pertinence de ces macroprogestatifs en tenant compte du bénéfice-risque individuel, de limiter la durée du traitement et la posologie aux doses minimales efficaces.
Si la patiente manifeste des symptômes évocateurs d’un méningiome, il est recommandé de faire réaliser une IRM cérébrale. L’examen est aussi proposé aux femmes âgées de plus de 35 ans dont la durée du traitement est supérieure ou égale à 5 ans.
Pour rappel, le Lutéran ® et le Lutényl ® sont contre-indiqués en cas de méningiome ou d’antécédent de méningiome. L’identification d’un méningiome en cours de traitement doit mener à l’interruption du médicament.
Source : Lutényl/Lutéran et génériques : recommandations préliminaires suite à la confirmation du sur-risque de méningiome - Point d'Information du 17/06/2020