Au milieu des années 2000, on estimait en France près de 62 000 femmes victimes de mutilations génitales féminines (MGF). Une publication du bulletin épidémiologique hebdomadaire a réactualisé cette estimation en tenant compte du contexte migratoire pour les femmes nées en France de parents originaires de pays à risque. Les derniers chiffres sont glaçants.
Le continent africain n’est pas le seul à être concerné par les MGF. Aujourd’hui, ces pratiques sont observées à travers le monde, en Indonésie, au Yémen, en Irak, mais aussi en occident dans les zones d’immigration, dont l’Europe, l’Australie, l’Amérique du Nord. Depuis la fin des années 1970, par les flux migratoires provenant d’Afrique, la France est d'autant plus exposée sur son territoire. Le projet « Excision et handicap » a évaluait dans les années 2000 le nombre de femmes excisées en France. On comptait alors 62 000 femmes adultes victimes de MGF.
Aujourd’hui les MGF en France
Plus de 10 ans après, qu’en est-il ? Les migrations féminines provenant d’Afrique Subsaharienne ont augmenté. Parallèlement on pourrait croire que les filles nées sur le territoire français sont moins susceptibles de subir des MGF. Mais l’estimation actuelle est édifiante puisqu’elle a été multipliée par 2 ! On compterait en France 124 355 femmes adultes victimes de MGF, une estimation probablement en deçà de la réalité car les immigrées sans titre de séjour n’ont pas été comptées.
Bien que la pratique des mutilations génitales soit en France un acte interdit et puni par la loi depuis une quinzaine d’années, cette hausse significative s’expliquerai,t selon les auteurs de l’étude, par « l’arrivée en France de nouvelles femmes migrantes en provenance des "pays à risque " et "par le passage à l’âge adulte des jeunes filles mineures qui n’étaient pas comptabilisées lors de la précédente estimation ".
Au sein de l’Europe, la France est le pays le plus confronté aux MGF. Les victimes représentent 0,5% de l’ensemble de la population féminine française. Mais elles sont inégalement réparties sur le territoire, c’est pourquoi ces données sont importantes pour déployer des plans d’actions et cibler les zones concernées.
Source :
Estimation du nombre de femmes adultes ayant subi une mutilation génitale féminine vivant en France - Lesclingand M, Andro A, Lombart T - Bull Epidémiol Hebd. 2019;(21):392-9.
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