Ce 17 janvier, la loi visant à faire évoluer la formation de sage-femme a été adoptée à l'unanimité à l'Assemblée Nationale. A la rentrée 2024, pour devenir sage-femme, il faudra compter six années d'étude.
La formation de sage-femme évolue. La loi proposée par l'ex-députée Annie Chapelier pour favoriser cette évolution avait été adoptée à l'unanimité par l'Assemblée nationale en novembre 2021 puis par le Sénat le 19 octobre 2022. Repoussée de deux ans, cette fois c'est définitif, les étudiants qui entreront dans le cursus maïeutique à la rentrée 2024 y resteront pendant 6 ans pour obtenir le diplôme d'état de docteur en maïeutique.
Une demande qui date depuis 2015
Un protocole d’accord pour les sages-femmes avait été signé en novembre 2021 pour étendre la formation de sage-femme à six ans. Après la première année de PASS (Parcours d'Accès Spécifique Santé) ou de L.AS (Licence Accès Sainté), les étudiant-e-s sages-femmes poursuivront ensuite leur étude pendant cinq ans et non plus quatre. L’Association nationale des étudiant-e-s sages-femmes (ANESF) œuvre pour cette année supplémentaire depuis 2015 afin d’améliorer le bien-être des étudiants, qui font face à des études très condensées du fait de l’augmentation grandissante des compétences de la profession.
Une loi pour renforcer le caractère médical de la profession
Les sages-femmes françaises détiennent les compétences les plus larges d’Europe. Pourtant, la profession souffre toujours, malgré des compétences grandissantes depuis ces dernières années, d’un manque de reconnaissance et d’un salaire inadapté en regard des responsabilités. Le système hospitalier ne leur offre plus des conditions d’exercice convenables si bien que des sages-femmes s’orientent vers le libéral ou se réorientent vers d’autres professions. Aussi, les étudiants sages-femmes se détournent de la formation : à la rentrée 2022, 20% des places à la 2e année sont restées vacantes. Selon une enquête, huit étudiant-e-s sur dix se disent stressés depuis qu’ils sont entré-e-s dans ce cursus.
Dans cette perspective, lors de la séance publique au Sénat du 19 octobre, Raymonde Poncet Monge sénatrice rapporteur le la commission des affaires sociales, a expliqué le texte visant à faire évoluer la profession sage-femme. Celui-ci « ne résoudra pas toutes les difficultés, mais pose les jalons dune meilleure reconnaissance de la profession ».
La loi entend renforcer le caractère universitaire de la formation en maïeutique. À ce jour, seules 14 écoles sur 35 sont intégrées à l’université. La majorité des écoles sont adossées à un centre hospitalier ce qui correspond à un modèle des formations des professions paramédicales ce qui n’est pas adapté à la profession de sage-femme et ne favorise pas le développement de la recherche en maïeutique. La proposition de loi prévoit d’achever l’intégration des écoles de sage-femme à l’université au 1er septembre 2027.
La formation de sage-femme sera intégrée aux unités de formation en santé mixte et quand ce n’est pas possible elles seront intégrées aux UFR de médecine.
Ceci permettra de préserver l’autonomie pédagogique et de gouvernance des écoles tout en favorisant la collaboration entre professions médicales
Pour faciliter le recrutement d’enseignant chercheur dans la discipline, la loi vise à concilier les activités d’enseignement et de recherche avec le maintien d’une activité clinique .
Le texte prévoit également de renouveler le contenu de la formation pour l’adapter aux mutations de la profession. Elle crée un statut de sage-femme agrée maître de stage des universités pour mieux encadrer les stages après une thèse d’exercice, les sages-femmes obtiendront en fin de cursus, soit après 6 ans d’étude, le diplôme d’Etat de docteur en maïeutique.
La proposition de loi prévoit l’application de ces nouvelles modalités pour la rentrée 2024 des 2es années.
La sénatrice estime ce texte nécessaire et urgent et que « si la proposition de loi ne traite pas de l’ensemble des difficultés soulignées par les sages-femmes, elle marque de l’avis de tous une étape fondamentale et porte des avancées ambitieuses susceptibles d’améliorer durablement l’attractivité de la profession ».
Catherine Deroche, sénatrice, Présidente de la commission des affaires sociales ajoute, à la séance du 05/10/22 « Bravo pour cette unanimité ! Nous faisons un pari : que l'allongement des études rende le métier plus attractif, que les conséquences en termes de rémunération en soient effectivement tirées et que les futures sages-femmes ne privilégient pas davantage l'exercice libéral au détriment de leur présence indispensable en salle de naissance ».
Il est temps de redorer le blason des sages-femmes, acteurs incontournables pour favoriser la santé des femmes, à l’heure où la dernière étude de Santé publique France faisait état d’une situation périnatale préoccupante...