Dans l’ouvrage « Trois mois sous silence », Judith Aquien dénonce le tabou planant sur le 1er tiers de la grossesse, celui où on leur demande de ne pas en parler alors que 85% des femmes vivent un calvaire.
Débuter une grossesse plonge certaines femmes dans l’ambivalence. La joie d’un côté, de l’autre, la fatigue extrême, les nausées, les vomissements, la peur d’une fausse couche et pour près d’une femme sur quatre une fausse couche réelle. Et au milieu de tout cela les injonctions extérieures. L’autrice, Judith Aquien, milite pour la reconnaissance des maux que peuvent rencontrer les femmes au cours de ces 3 premiers mois et aussi la fausse couche, ce deuil insuffisamment accompagné sur le plan psychologique : « les femmes ne doivent plus traverser les difficultés du premier trimestre ».
Il s’agit là d’une lecture humaniste qui ouvre des perspectives de réflexion pour repenser l'accompagnement dispensé à ces femmes. Un sujet d’ailleurs récemment soulevé dans un éditorial du Lancet.
Extrait préface de Camille Froidevaux-Metterie
Nous sommes des millions à l’avoir éprouvé, ce grand déni de la « fausse couche ». Ce n’est qu’en révélant la chose à l’entourage que l’on découvre son ampleur : une femme sur quatre est concernée. Mais ce n’est pas parce qu’on l’annonce que l’on récolte pour autant consolation et tendresse ; non, il faut se contenter de l’énumération lassante des cas connus, « ma mère en a fait sept » m’a-t-on ainsi gentiment asséné. Et cette horreur de devoir apprendre à mes parents d’un même coup et ma grossesse et sa fin. Ils ont été incapables du moindre réconfort, mais comment leur en vouloir ? S’ils avaient connu mon état, sans doute auraient-ils trouvé les mots. C’est la double peine, devoir dissimuler sa grossesse durant trois longs mois, puis être privée de toute empathie lorsqu’il faut en révéler la fin.