Minimisées, les fausses couches concernent 15% de toutes les grossesses dans le monde. Un phénomène fréquent qui mérite, selon cet éditorial du Lancet, d’améliorer les soins dispensés aux femmes qui connaissent cette perte.
Les fausses couches sont sous-estimées et pourtant …
Subir une fausse couche est encore un tabou autour duquel gravitent encore de nombreuses idées reçues. Après avoir connu une telle perte, des couples sont dans la culpabilité : Est-elle liée à trop d’efforts ? A l’absence de traitement ? Si bien qu’ils peuvent affronter seuls cette situation. Du côté du corps médical, elle a tendance à être considérée comme inévitable. Il faut souvent que la femme connaisse des fausses couches à répétition pour qu’elle soit éligible à davantage d’investigations.
Elle se doit alors d’accepter cette fatalité, de tenter un nouvel essai de grossesse et de sous-estimer les conséquences physiques et mentales d’une fausse couche.
Dans un éditorial du Lancet, des experts mettent un point d’honneur pour repenser les soins médicaux et pour améliorer les informations dispensées aux femmes.
Un phénomène fréquent dont certains facteurs de risque sont identifiés
Elle touche 23 millions des femmes à travers le monde chaque année et une femme sur 10 est concernée. Il existe des facteurs de risque dont l'âge avancé (des hommes et des femmes), l'indice de masse corporelle. Les femmes noires sont plus exposées. L'alcool, le tabagisme, la pollution de l'air, les pesticides, le stress persistant et le travail de nuit sont aussi associés à une fausse couche. Par ailleurs, pour les femmes qui ont des saignements précoces pendant la grossesse et des antécédents de fausses couches, une série de 3 articles rapporte que l’administration en intra-vaginale de progestérone augmente le taux de naissances vivantes.
Des effets à plus long terme
Pour les femmes qui mènent une nouvelle grossesse après un antécédent de fausse couche, pour la plupart il n’y a pas de complications. Toutefois, ce type d’antécédent peut être associé à un risque plus élevé d'accouchement prématuré, de retard de croissance fœtale et d'autres complications obstétricales. A plus long terme, il existe des problèmes de santé, tels que des maladies cardiovasculaires, thromboemboliques veineuses et des répercussions sur la santé mentale des femmes.
Ne pas méconnaître les conséquences, prendre en charge dès la 1re fausse couche
Ces associations mettent en évidence que subir une fausse couche n’est pas un évènement sans répercussions. Partant de là, des experts proposent un modèle de soins gradués pour ces femmes :
Après une fausse couche, les femmes devraient faire évaluer leurs besoins en matière de santé et recevoir des informations et des conseils pour accompagner leur future grossesse
En cas de deuxième fausse couche, un bilan sanguin complet avec des tests de la fonction thyroïdienne devraient être proposés
Après trois fausses couches, les experts suggèrent de proposer des tests supplémentaires, comprenant des tests génétiques et une échographie pelvienne
Alors que les fausses couches présentent un flou statistique sauf pour quelques pays, comme le Danemark qui collecte le taux annuel, il est temps de s’emparer de ce sujet. Evidemment, toutes les fausses couches ne sont pas évitables, néanmoins des axes d’amélioration en matière de santé reproductive sont à déployer pour ne plus minimiser cette perte fœtale. Comme conclut l’éditorial du Lancet « l'époque où l'on disait aux femmes de «réessayer» est révolue » !
Photo de cottonbro provenant de Pexels