Bien qu’indispensable dans certains secteurs dont le médical, travailler de nuit est contraire à la physiologie. Il altère la santé et impacte le bon déroulement de la grossesse. Selon une étude publiée dans Occupational & Environmental Medicine , le fait de travailler deux nuits ou plus par semaine augmente le risque de fausse couche.
Des études avaient déjà pointé du doigt le risque du travail de nuit associé au développement de certaines maladies dont le diabète, l’obésité, le cancer du sein… Dans cette étude danoise, les chercheurs se sont intéressés à la grossesse et à l’impact d’un travail nocturne sur le risque de fausse- ouche. Si des études antérieures avaient déjà montré une telle association, les auteurs ont ici cherché à la quantifier.
Deux nuits ou plus travaillées par semaine augmente le risque de fausse couche la semaine suivante
Pour cela, ils ont analysé une cohorte de 22 744 femmes enceintes issue de la base de données DWHD (Danish Working Hour Database ) travaillant de nuit et majoritairement à l’hôpital. En mesurant le travail de nuit de la 4e à la 22e semaine de gestation, ils ont mis en évidence qu’après 8 semaines de grossesse, les femmes travaillant 2 nuits ou plus la semaine précédente présentaient un risque accru de 32 % de fausse couche (Hazard Ratio 1,32 (IC 95%: 1,07 à 1,62)) versus celles exerçant de jour.
Cumuler le nombre de nuits majorerait aussi ce risque selon un schéma dose-dépendante. Par ailleurs, une nuit de travail par semaine n’accroîtrait pas le risque.
Le travail de nuit perturbe le rythme circadien
Le sommeil irrégulier lié au travail nocturne bouleverse le rythme circadien, et notamment comme le précise les auteurs, il diminue la libération de mélatonine. Or la mélatonine, synthétisée par la glande pinéale, aurait des effets sur le placenta et serait impliquée dans le développement précoce du fœtus et le maintien d’une grossesse.
Même s’il s’agit d’une étude d’observation, ces données méritent d’être prises en compte pour le suivi de grossesse
Les femmes enceintes doivent être informées qu’elles ont la possibilité selon la loi de demander un poste de jour jusqu’au congé prénatal « À sa demande, la salariée enceinte qui travaille de nuit est affectée à un poste de jour pendant la durée de sa grossesse. L'affectation de la salariée dans un autre établissement est possible uniquement si elle a donné son accord. Le changement d'affectation n'entraîne aucune diminution de la rémunération. En cas d'impossibilité de reclassement, l'employeur doit motiver sa décision par écrit auprès de la femme enceinte ».
Sources :
Night Shift Work and Risk of Breast Cancer - Curr Environ Health Rep 2017 Sep;4(3):325-339.
Night work and miscarriage: a Danish nationwide register-based cohort study - Occup Environ Med. 2019 May;76(5):302-308.
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