Le 22 novembre 2022, le Secteur Français des Aliments de l’Enfance (SFAE) a organisé une conférence de presse pour révéler les premiers résultats de l’étude Nutri-bébé 2022.
La SFAE a révélé les résultats du volet « pratiques alimentaires » de l’étude Nutri-bébé 2022, en présence d’experts, Virginie Somon, sécrétaire générale du SFAE, Amandine Rochedy, Sociologue à l'Université de Toulouse Jean Jaurès, et Sandra Brancato, pédiatre et membre de l'AFPA. Cette 6e édition met en évidence qu’il existe toujours des écarts entre les recommandations officielles sur l’alimentation des enfants de moins de 3 ans et la pratique des parents.
Comment l’enquête a-t-elle été menée ?
L’étude Nutri-Bébé est lancée tous les 8 ans depuis 1981 à l’initiative du Secteur Français des Aliments de l’Enfance (SFAE). Elle procure une cartographie unique des pratiques et consommations alimentaires en France des enfants de moins de 3 ans ainsi que leurs évolutions.
Pour l’édition 2022, l’enquête a été menée entre le 11 mars et le 20 juillet. Les pratiques alimentaires ont été étudiées sur 880 enfants âgés de 15 jours à 3 ans de mères âgées de plus de 18 ans, en France métropolitaine, hors Corse.
Les réponses ont été collectées avec un 1er questionnaire sur les pratiques alimentaires rempli lors d’un entretien entièrement en face à face, suivi d’un volet permettant d’évaluer les consommations alimentaires et apports nutritionnels de l’enfant via un carnet de consommation digital rempli sur 3 jours non-consécutifs, puis un dernier questionnaire sur les pratiques alimentaires complète 100 % en ligne.
Mais quels sont les principales observations ?
Les femmes allaitent moins, mais plus longtemps
Depuis 2013, on observe une baisse du taux d’allaitement. Alors qu’il était de 62%, il passe à 55 % en 2022. Cette baisse concerne surtout les primipares. La sociologue, Amandine Rochedy explique que les mères inactives, celles aux revenus les plus modestes et les familles monoparentales, les mères primipares de moins de 25 ans sont les catégories parmi lesquelles le taux d’allaitement est le moins élevé. Elle ajoute aussi comme explication que les mères allaitantes en difficulté ont peut-être manqué d’accompagnement en période de crise sanitaire.
Par contre, les femmes allaitent plus longtemps par rapport à 2013. L'âge moyen d'arrêt de l'allaitement exclusif est passé à 5,9 mois (vs 4 en 2013) et l'âge moyen d'arrêt total de l'allaitement à 6,4 mois (vs 4 mois en 2013). Pour expliquer ce résultat, l’enquête met avant des modifications liées à l’activité professionnelle du fait de la crise sanitaire telles que le télétravail, qui a peut-être permis de mieux concilier allaitement et travail.
Les mères qui allaitent plus longtemps appartiennt le plus souvent au profil de mère inactive, ayant pris un congé parental et vivant en zone urbaine.
Le lait de vache est introduit trop tôt
Même si le pourcentage de l’utilisation de lait croissance est en augmentation depuis l’étude de 2013, on constate qu’1/4 des bébés de 1 et 2 ans et 50% après 2 ans consomment du lait de vache non spécifique. Il s’agit le plus de lait demi-écrémé qui ne contient pas les nutriments essentiels dont a besoin l’enfant de moins de 3 ans, particulièrement le fer et les acides gras essentiels.
Le passage des catégories de lait est plutôt bien respecté selon les âges, cette cassure à l’âge d’un an est appelée selon certains sociologues « la nutritionnalisation de l’alimentation ». Amandine Rochedy explique que « dès que l’enfant marche et se tient seul sur la chaise haute, il est davantage associé à un petit adulte et les aspects nutritionnels deviennent potentiellement moins importants, avec une place plus grande accordée à la dimension sociale du repas. L’enfant mange avec le reste de la famille, et pas forcément des aliments spécifiques ». D’ailleurs, ce sont 72% des enfants partagent leur repas avec le reste de la famille et diner et 67% au déjeuner.
Il est à noter que le type de lait consommé varie aussi avec l’aspect socio-économique et l’accès au pédiatre.
La SFAE rappelle qu’après un an, il est recommandé de donner un lait croissance 3e âge aux enfants jusqu’à 3 ans.
Les écrans présents surtout au moment des repas
L’enquête dévoile que 49% des enfants ont été exposés à un écran au cours des 7 derniers jours et en moyenne, 4 jours dans la semaine. Il peut y avoir des variations si les mères primipares ou multipares ou s’il y a une fratrie. L’exposition aux écrans est plus importante quand la mère est multipare et quand il y a une grande sœur ou un grand frère.
On note que 16% des enfants prennent leur petit déjeuner devant un écran.
Les enfants exposés aux écrans pendant le repas analysent moins sensoriellement et communiquent moins ce qui peut entrainer une diminution de la sociabilisation à table.
Il est recommandé d’éviter les écrans avant l’âge de 3 ans, néanmoins la pédiatre Sandra Brancato pondère les propos et refuse la diabolisation des écrans, car l’impact ne sera pas le même si les temps d’écran sont courts en présence d’un parent pour interagir avec l’enfant que si l’enfant est seul devant un écran.
Nous ne savons pas encore tout de l’enquête Nutri-bébé 2022, d’autres analyses sont à venir.
Source : Conférence de presse 22/11/2022-COMPORTEMENTS ALIMENTAIRES DU TOUT-PETIT- SFAE
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