Le CNGOF a récemment mis à jour ses recommandations sur la prévention de l'allo-immunisation au cours du premier trimestre de grossesse.
Un regard renouvelé
Les recommandations précédentes du Collège National des Gynécologues Obstétriciens Français (CNGOF) , qui dataient de 2005, préconisaient une injection d'immunoglobulines anti-D chez les femmes enceintes Rhésus négatif avant 13 semaines d'aménorrhée et 6 jours, dans des situations spécifiques telles que :
- Fausse couche, interruption volontaire de grossesse (IVG), grossesse extra-utérine ou grossesse molaire,
- Amniocentèse, cerclage ou réduction embryonnaire,
- Traumatisme abdominal.
Cependant, de nouvelles données scientifiques remettent en question cette prévention systématique.
Les nouvelles données scientifiques
Une recherche publiée en 2023 dans JAMA a étudié le passage des hématies fœtales dans la circulation sanguine maternelle après une IVG, qu'elle soit médicale ou chirurgicale. Les résultats montrent qu'une IVG au premier trimestre ne constitue pas un facteur de risque significatif de sensibilisation au rhésus. La quantité de sang fœtal entrant dans la circulation maternelle reste généralement bien inférieure au seuil nécessaire pour provoquer une allo-immunisation.
Les nouvelles recommandations du CNGOF
Sur la base de ces données actualisées, le CNGOF a émis de nouvelles recommandations :
- Il est recommandé de ne pas administrer d'immunoglobulines anti-D avant 12 semaines d'aménorrhée pour prévenir le risque d'allo-immunisation en cas d'interruption volontaire de grossesse, de grossesse arrêtée ou de fausse couche.
- Il est recommandé de ne pas administrer d'immunoglobulines anti-D avant 12 semaines d'aménorrhée en cas de métrorragies sur une grossesse intra-utérine évolutive. (Recommandation faible - Qualité de la preuve très basse)
- Les données actuelles sont insuffisantes pour conclure sur l'efficacité de l'injection d'immunoglobulines anti-D dans la réduction du risque d'allo-immunisation en cas de grossesse extra-utérine. (Absence de recommandation - Qualité de la preuve très basse)
Une pratique en évolution
Malgré une qualité d'évidence scientifique jugée très basse, le CNGOF recommande de ne pas administrer d'immunoglobulines anti-D avant 12 semaines d'aménorrhée dans les cas suivants :
- Interruption volontaire de grossesse,
- Grossesse arrêtée,
- Fausse couche,
- Métrorragies sur grossesse intra-utérine évolutive.
Concernant les grossesses extra-utérines, l'insuffisance des données disponibles ne permet pas de formuler une recommandation claire à ce jour.
Ces nouvelles recommandations marquent une évolution des pratiques, en tenant compte des dernières données scientifiques pour limiter les interventions inutiles. Elles mettent également en lumière la nécessité de poursuivre les recherches afin de garantir des pratiques optimales dans la prévention de l'allo-immunisation.
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