Evoluant habituellement en Afrique centrale et de l’Ouest, La variole du singe a fait son entrée sur le territoire français depuis le début du mois de juin. A ce jour, que savons-nous de ses effets sur la grossesse ?
Monkeypox et grossesse : peu d’études sur le sujet
Si le premier cas contaminé par la variole du singe a été identifié en 1970, en Afrique, à ce jour les données scientifiques sur le Monkeypox pendant la grossesse sont assez pauvres. La majorité des cas signalés de variole du singe se trouvent en République démocratique du Congo où il est difficile de mener des études du fait des ressources limitées et des conflits politiques.
En 2017, des chercheurs ont publié un article dans The Journal of Infectious Diseases. Il se sont interessés à la transmission de la maladie infectieuse émergente entre la mère et le fœtus. Sur une cohorte de 222 patients symptomatiques, quatre femmes enceintes étaient infectées. Une a donné naissance à un enfant en bonne santé à terme, sans signe de variole du singe. Deux d’entre elles ont fait une fausse couche au premier trimestre de grossesse (une avec une infection sévère et l’autre avec une infection modérèe). La quatrième présentait une co-infection Monkeypox et paludisme. Ayant contracté la variole du singe à 18 SA, elle a expulsé un fœtus macéré qui présentait des lésions maculopapuleuses cutanées diffuses sur le tronc, la tête et les extrèmités. Pour cette dernière, les chercheurs ont apporté la preuve histologique, virologique et sérologique qu’il s’agissait d’une transmission materno-fœtale de la maladie.
Cette échantillon est faible mais n'écarte pas un potentiel risque deletère de la variole du singe sur le foetus.
Dans une étude plus ancienne, (Jezek Z, Fenner F, eds. Human monkeypox New York: Karger, 1988. ), une équipe a décrit le cas d’une femme enceinte à 24 semaines de gestation, infectée par la variole du singe, ayant accouché vers 30 semaines d’un enfant qui présentait une éruption cutanée, évoquant la variole du singe. L’enfant est décédé six semaines plus tard de dénutrition.
Vaccination et variole du singe
En 2003, les Etats-Unis ont été touchés par une épidémie de la variole du singe. Aucun cas de femme enceinte n’a été rapporté. Les Centers for Disease Control and Prevention (CDC) ont émis des instructions pour se protéger du virus avec le vaccin et recommande aux personnes à risque de s’immuniser contre la variole.
Le vaccin dit de 3ème génération (vaccin vivant non réplicatif c’est-à-dire ne se répliquant pas dans l’organisme humain) posséde une AMM européenne depuis juillet 2013. Il est indiqué pour l’immunisation active contre la variole chez les adultes (Imvanex©) et serait efficace à 85%. Toutefois, à ce jour, il n’est pas indiqué chez les femmes enceintes et allaitantes, selon un récent avis de la HAS, en raison du nombre limité d'études.
En somme, nous attendons de nouvelles études pour mieux connaitre les risques de la variole du singe chez les femmes enceintes.