Selon certaines études, le déni de grossesse concernerait 1 grossesse sur 400 à 500 naissances en Europe. Bien qu’assez obscur pour les professionnels de santé, il n’est pas dénué de conséquences sur l’enfant. Une étude française a cherché à déterminer si le déni de grossesse impactait son développement physique et psychomoteur.
Toutes les femmes peuvent être concernées par le déni de grossesse…
Les journaux rapportent ponctuellement dans la rubrique « faits divers » des histoires dramatiques d’infanticide dont la piste du déni de grossesse ne peut être écartée. Mais qu’est-ce que le déni de grossesse ? À ce jour, cette grossesse « spéciale » n’a pas de définition internationale, néanmoins la plupart des études la définisse comme le fait de ne pas avoir conscience d’être enceinte après 20 semaines d’aménorrhées. Le déni est partiel quand la grossesse est reconnue après le 1re trimestre ou total lorsque la patiente découvre qu’elle est enceinte le jour de l’accouchement.
L’absence d’aménorrhée, de perception des mouvements fœtaux ou de prise de poids ou très modérée de la mère induisent en erreur aussi bien la femme, l’entourage, que les professionnels. De plus, il semblerait que le déni de grossesse peut être observé chez toute femme en âge de procréer puisque les études n’ont pas trouvé de profil spécifique en explorant les paramètres médical, social et psychologique.
Impact sur le développement de l’enfant
Quand il y a déni de grossesse, le fœtus a tendance à se positionner le long de la colonne vertébrale de sa mère, comme pour se cacher. Il bouge peu. Face à ces singularités, une étude publiée dans les Archives de Pédiatrie explore l’impact de cette grossesse sur le développement de l’enfant. Il s’agit d’une étude prospective, incluant 51 nourrissons nés à terme au centre hospitalier régional de Nancy, menée du 1er janvier 2009 au 30 juin 2015.
Les chercheurs ont suivi longitudinalement les enfants en recueillant les données depuis les dossiers médicaux pour la période néonatale, et sur les certificats médicaux recueillis par la PMI à 9 mois et 2 ans, puis avec des entretiens téléphoniques auprès des mères pour les enfants de 2 à 7 ans.
A travers ces données, ils ont analysé la taille, le poids, la croissance, le développement psychomoteur et l’existence ou non de pathologie.
Dans cette étude, le déni de grossesse concernait 1 naissance sur 300 et les auteurs ont constaté :
Une restriction de croissance intra-utérine qui s’est normalisée à l’âge de 9 mois
Un taux de mortalité périnatale de l’ordre de 5% (le taux de mortalité périnatale étaient de 1,9% en France en 2010)
Un retard de développement psychomoteur pour 20% des enfants à 9 mois, augmentant jusqu’à 30 % à 24 mois. Pour la moitié d’entre eux, il s’agissait d’un retard du langage.
Deux enfants porteurs de pathologie orthopédique
Suivre à long terme ces enfants ?
Les résultats de cette étude exploratoire montre que l’impact du déni de grossesse se situe davantage au niveau du développement psychomoteur de l’enfant que sur les composantes physiques ou des éventuelles pathologies en lien avec la position foetale. S’ils devraient être approfondis par une étude à plus grande échelle, ils suggèrent toutefois que ces enfants issus de ce type de grossesse mériteraient un suivi spécifique sur le long terme.
Source :
Outcome of children born after pregnancy denial - Archives de Pédiatrie, vol 25, Issue 3, April 2018, Pages 219-222