La grossesse connait ses changements physiologiques et corporels où s’articule un travail psychique intense. Savoir développer un esprit serein, selon la définition de la sophrologie, n'est-ce pas un atout pour faire face aux différentes situations ?
La sophrologie : Quels bénéfices ?
Cette méthode corporelle favorise l’émergence et l’accueil de sensations, de perceptions, d’émotions positives modifiant les structures du cerveau limbique (cerveau émotionnel), lui-même en modifiant les perceptions de l'environnement.
Les connexions neuronales entre les 3 cerveaux (néocortex, limbique, tronc cérébral) transforment l’individu. Les pensées, les émotions, l'individu dans sa totalité, deviennent plus positifs, plus centrés sur l'essentiel. Cela ouvre à un nouveau regard. Les entraînements répétés ancrent cette nouvelle perception. La réalité tend à devenir plus objective.
Outre de répondre aux besoins des parents, la sophrologie permet à la sage-femme de renforcer ses capacités professionnelles, la rendant plus disponible tout en sachant mieux se préserver et se positionner.
"La maternité n’est pas synonyme de sérénité et de paix pour tous"
La grossesse est un processus de transformation, un passage de l’état de femme à mère. Un passage souvent difficile, Catherine Bergeret-Amselek, psychothérapeute et psychanalyste reprend ce concept en parlant de « crise de maternalité » où il y a cette « passation de pouvoir ou d’identification à sa propre mère » qui peut donc devenir complexe, anxiogène, en fonction de l’expérience passée et vécue.
Un état psychique très spécifique, décrit aussi par le docteur Bydlowski, neuropsychiatre avec la « transparence psychique ». Cet état propre à la maternité favoriserait à cette période la remontée la résurgence d’émotions enfouies dans l’inconscient. La transparence psychique est croissante tout au long de la grossesse et du post-partum. Dans cette période de fragilité, vulnérabilités, de retour à soi, s’entremêlent le passé, le présent, le futur, avec beaucoup d’angoisses, d’anxiété, de peurs, de questionnements existentiels.
Ainsi, bien que physiologique à la base, la maternité n’est pas synonyme de sérénité et de paix pour tous les parents. Devenir parent leur impose d’avoir recours à leurs ressources, leur capacité, leur résilience. Il s’agit d’un parcours intérieur qui relève de l’inconscient et qui, selon le docteur Jean-Marie Delassus, pédopsychiatre et maternologue renverrait la mère à son « origine ». Cet état débute dès le désir d’enfant et se poursuit environ jusqu’à la fin de la 1ere année de l’enfant.
La sophrologie postnatale présente l'intérêt de "réparer" des traumatismes obstétricaux
J’ai souvent recours à cette technique afin de prévenir voire de traiter les névroses post-obstétricales (troubles du stress post-traumatisme obstétrical). Il s’agit d’une sophromnésie spécifique.
J’ai souvenir d’une patiente qui a « réparé » son 2e accouchement 16 ans plus tard… Il n’est jamais trop tard pour se remplir d’émotion positive et tendre vers le bonheur ! Une autre patiente, suite à une césarienne en urgence pour sauvetage maternel, a vécu une séparation douloureuse avec son bébé et a souffert d’un stress post-traumatique. Elle disait : « j’ai rêvé que je mourrais à la clinique, j’ai peur de perdre ma fille, j’ai peur de mourir ». La phrase, « elle a 10 min pour repartir » la hantait. La petite fille est née avec un apgar à 10. Après 6 semaines de traitement, voici ses mots : « je me sens apaisée…j’ai juste accouché… je ne sens plus aucune tension dans mon corps. Ma fille et moi sommes liées et nous l’avons toujours été… la vie m’a fait un cadeau : ma fille ». Elle ajoute que pendant les séances, elle ne pensait plus à la phrase qui la hantait, « fin du passé, je suis tournée vers l’avenir ».
En cas de deuil périnatal
Les parents endeuillés se retrouvent souvent seuls, démunis, sans l’accompagnement qui leur serait nécessaire car ces situations renvoient également beaucoup d’émotions à la sage-femme confrontée à cette situation.
Les entraînements sophroniques renforcent nos capacités et nous permettent de faire face à ces situations de douleur extrême avec moins de violence pour les soignants. La bienveillance, l’écoute active et l’intuition, qui découlent des entraînements sophrologiques, aident à une meilleure perception de la situation, des besoins, et la réponse s’avère de ce fait plus adaptée.
Concernant les techniques, de simples outils sophrologiques peuvent déjà beaucoup apaiser les parents, les aider à récupérer, reprendre un peu de souffle renforcer leurs ressources. Des techniques courtes, simples, voire dynamiques sont conseillées. Avec la répétition des séances, outre l’apaisement, la récupération vitale, la diminution du stress, les capacités d’acceptation sont renforcées, un futur possible peut à nouveau se présenter aux parents. La notion d’espoir s’avère ainsi précieuse et thérapeutique.