La cholestase gravidique concerne 1% des grossesses à l’échelle mondiale. Cette pathologie qui survient le plus souvent au 2e et 3e trimestre de la grossesse entraîne des conséquences maternelles et néonatales. Une équipe du CHU de Tours les a comparé à une grossesse normale.
La cholestase gravidique, une grossesse à risque
La cholestase intrahépatique gravidique se caractérise par un prurit, des taux élevés d’acides biliaires et d’enzymes hépatiques. A ce jour, on ne connait pas sa pathogénèse, néanmoins, des études précédentes ont déjà suggéré que cette pathologie de la grossesse pouvait entraîner des conséquences néonatales et maternelles. C’est pourquoi, les cas de cholestase intrahépatique gravidique sont généralement pris en charge activement, comme c’est le cas au CHU de Tours, avec un déclenchement du travail avant ou à 38 semaines d’aménorrhées. Les chercheurs ont évalué, dans cette étude publiée dans le Plos One, les issues maternelles et néonatales de cette induction du travail pour les grossesses affectées par une cholestase gravidique comparativement aux grossesses physiologiques.
Etude cas-témoins
L’étude a inclus 140 patientes atteintes de cholestase gravidique et 560 témoins entre décembre 2006 et 2014. Le diagnostic de la cholestase gravidique a été posé devant des acides biliaires ≥10µmol/L et un prurit et par retour à la normale de ces paramètres après l’accouchement. Les grossesses multiples, les anomalies chromosomiques et malformations congénitales ont été exclues. Les témoins présentaient une grossesse unique, en présentation céphalique, sans malformation congénitale, et sans pathologie obstétricale nécessitant un déclenchement du travail.
Pendant la durée de l’étude, aucune mortinaissance n’a été enregistrée.
Les nouveau-nés dont les mères présentaient une cholestase gravidique avaient un plus grand risque de syndrome de détresse respiratoire comparativement aux témoins (17,1% contre 4,6%; P <0,001) ou brut 4,46 (IC à 95%: 2,49–8,03) même après ajustement de l’âge gestationnel à la naissance et du mode d’accouchement.
Aussi, les nouveau-nés exposés à la cholestase gravidique étaient 3 fois plus admis dans les soins intensifs néonatals.
Le déclenchement du travail a été effectué chez 82,1% des cas et 18,4% des témoins. Il n’y avait pas de différence dans les 2 groupes concernant le taux de césarienne pendant le travail. En revanche, les césariennes programmées étaient plus fréquentes dans le groupe des cholestases gravidiques 12% (vs 2%), comme les hémorragies du post-partum (25% vs 14,1%) mais aucune différence avec le taux de transfusion.
Quel que soit le terme de la grossesse, cette étude met en évidence le risque plus important de syndrome de détresse respiratoire néonatale. Un risque auquel les équipes peuvent se préparer à l’accouchement.
Source :
Perinatal outcomes of intrahepatic cholestasis during pregnancy: An 8-year case-control study - PLoS One. 2020; 15(2): e0228213.