Une équipe française a mené une grande étude prospective randomisée pour évaluer les effets cliniques et économiques du dépistage de la vaginose bactérienne, connue comme facteur de risque d'accouchement prématuré.
La naissance prématurée touche 5 à 11% des naissances dans le monde. La vaginose bactérienne est reconnue comme étant un facteur de risque d’accouchement prématuré. Souvent asymptotique, elle est susceptible d’augmenter un accouchement prématuré de 2 à 7 fois selon l’âge gestationnel.
Il est désormais possible de diagnostiquer la vaginose bactérienne par technique moléculaire. Jusque-là, son impact sur le dépistage et le traitement de la vaginose bactérienne chez la femme enceinte n’avait pas été évalué.
Des chercheurs ont évalué, dans un essai, les effets cliniques et économiques du dépistage quantitatif en temps réel de la réaction en chaîne par polymérase et du traitement de la vaginose bactérienne chez les femmes enceintes à faible risque en cas d'accouchement prématuré.
L'essai AUTOP
Cet essai de supériorité « AuTop » prospectif, randomisé, ouvert a été mené dans 19 centres périnatals français entre le 9 mars 2015 et le 18 décembre 2017. Il porte sur 6 671 femmes enceintes, primipares et multipares, âgées d’au moins 18 ans, à faible risque, recrutées avant 20 semaines de gestation, sans antécédent d’accouchement prématuré, de fausse couche tardive, sans facteur de risque majeur de prématurité.
Dans le groupe intervention, les femmes réalisaient un auto-prélèvement vaginal. Si la vaginose bactérienne était dépistée, elles étaient traitées par azithromycine 1g, renouvelé à 48 heures ou bien par 2 g d’amoxicilline pendant 7 jours. Ensuite les femmes du groupe intervention réalisaient à nouveau un auto-prélevement de contrôle 15 jours après le premier puis tous les mois jusqu’à 28 semaines de gestation.
Les prélèvements vaginaux étaient techniqués par biologie moléculaire,par réaction en chaîne polymerase en temps réel pour quantifier le taux d’ADN de A vaginae et G vaginalis. Par rapport aux techniques de référence, cet outil a rapporté une spécificité de 99 %, une sensibilité de 95 % et des valeurs prédictives positives de 95 % et négatives de 99 %, soit plus élevées.
Dans le groupe standard, le professionnel était libre de prescrire un prélèvement vaginal si la femme enceinte présentait des symptômes.
Pas de réduction de la prématurité
À la stratégie de dépistage et de traitement, les résultats n’ont montré aucune preuve de réduction de la prématurité comparativement aux soins standards.
Aussi, l’âge gestationnel, le taux d’endométrite, les complications pendant la grossesse ne différaient pas dans les deux groupes, de même pour la morbidité et mortalité néonatale.
Par ailleurs, dans une analyse en sous-groupe, les résultats ont montré que le nombre de naissances prématurées était significativement plus faible dans le groupe de dépistage et de traitement que dans le groupe témoin (61 sur 1 671 [3,6 % ; IC à 95 %, 2,9-4,6] contre 105 sur 1 767 [5,9 % ; IC à 95 %, 4,8-7,2]) chez les femmes nullipares. Ce point mérite donc d’être plus approfondi dans une nouvelle étude.