Les résultats de l’Enquête Nationale Périnatale 2021 viennent d’être publiés. La spécificité pour cette nouvelle édition est le suivi des femmes et des enfants jusqu’à 2 mois après la naissance. En voici les principaux résultats.
L’Enquête Nationale Périnatale 2021 a compté la participation de 456 maternités et pour la première fois 6 maisons de naissance. Elle a été menée en métropole, dans les DROM (Guadeloupe, Guyane, Martinique, Mayotte, La Réunion) et Saint-Martin et a inclus l’ensemble des naissances survenant entre le 15 mars et le 21 mars 2021. Au total, l’enquête a permis de compiler les données de 13 631 femmes auprès de 13 404 femmes.
Les résultats permettent d’apprécier l’évolution des données épidémiologiques de la grossesse et de l’accouchement, en France, par rapport aux résultats d’études précédentes. Pour cette édition, des résultats sont à interpréter en tenant compte de la crise sanitaire, puisque l’étude s’est déroulée pendant la 3e vague et les femmes qui ont accouché au cours de cette période ont été exposées aussi à la 2e vague.
L’âge des mères en 2021
Depuis 1980 l’âge des mères à l’accouchement augmente continuellement. En 2021, la part des femmes âgées de 35 à 39 ans est passée à 19,1% (17,2% en 2016) et celle de 40 ans à 5,2% (vs 3,9%). L’INSEE montrait que l’âge moyen des mères était passé de 26,5 ans en 1977 à 30,9 ans en 2021.
Contraception : l’usage de la pilule diminue
La contraception orale reste la méthode la plus utilisée avant la grossesse, mais sa part diminue au profit du dispositif intra-utérin et des méthodes naturelles. Depuis 2010, on observe une chute de 20% : en 2010, 73,8 % des femmes utilisaient la contraception orale alors qu’en 2021, elles ne sont plus que 52,6%.
Par ailleurs, le recours au dispositif intra-utérin gagne 4,5% en 2021 (9,5% vs 14%) et le taux de femmes n’utilisant aucune contraception passe à 11,8% en 2021 (vs 8,3% en 2016).
L’état psychologique des femmes enceintes
Si plus de 71% des femmes déclarent avoir été heureuses d’être enceintes à la découverte de la grossesse, le vécu de la grossesse semble s’être dégradé depuis la précédente Enquête Nationale Périnatale.
Près de 25% des femmes déclarent avoir traversé au moins une période de deux semaines consécutives où elles se sentaient tristes, sans espoir pendant la grossesse et 19% ont avoué avoir perdu de l’intérêt pour des activités, qui leur apportent habituellement du plaisir, comme les loisirs et les activités.
Ces symptômes sont les manifestations de troubles dépressifs, mais qui rappelons-le sont survenus pendant la crise sanitaire qui a davantage favorisé, selon des études, l'apparition de ces troubles.
Si la part du recours à un professionnel pour des difficultés psychologiques est faible, on observe malgré tout une augmentation depuis 2016 (8,9% vs 6,4%).
L’IMC des femmes est en augmentation
La part des femmes en surpoids et obèses augmente, passant respectivement de 20 à 23% et de 11,8% à 14,4%. Toutefois, la prise de poids pendant la grossesse reste stable, environ 12,5 kg.
Le professionnel de santé et le suivi de grossesse
Le gynécologue-obstétricien en libéral reste le praticien le plus consulté pour le suivi de grossesse dans les six premiers mois de la grossesse. Neanmois, il existe quelques variabilités, la répartition du professionnel a évolué puisque pour 40% des femmes, c'est la sage-femme qui a été responsable du suivi lors des six premiers mois de grossesse. On note une augmentation du recours à la sage-femme libérale (22,9% vs 8,5%), hospitalière ou en centre périnatal de proximité (16,1% vs 14,8%).
L’acide folique et anomalie du tube neural
La supplémentation en acide folique dès le désir de grossesse et jusqu’à 12 SA est une mesure efficace pour prévenir les anomalies du tube neural. Pourtant, malgré une augmentation depuis 2016 (78,6% vs 55,7%), encore 28% des femmes ne bénéficient pas de cette prévention.
Informer sur les risques d’une infection à CMV
Pour prévenir une infection à CMV pendant la grossesse, l’information est essentielle. En effet, le dépistage systématique n’est pas recommandé. De plus, aucun traitement administré en prénatal n’a fait la preuve de son efficacité. Dès qu’une femme fait part d’un projet de grossesse, la diffusion de messages de prévention par le professionnel de santé est essentielle . Dans l’enquête 2021, seuls 16% des femmes déclarent avoir reçu des recommandations pour limiter la transmission du CMV.
Quoi de neuf sur le projet de naissance ?
Cette dernière enquête met en lumière que seuls 10,2% des femmes ont rédigé un projet de naissance. Ce qui est peu, même si ce taux est en augmentation puisqu’il était de 3% en 2016.
Les souhaits les plus fréquemment exprimés portaient sur le peau à peau, d’avoir la possibilité de marcher, de changer de position ou de réduire les actes médicaux. Un peu plus de 70% des femmes déclarent ne pas avoir fait de demandes particulières.
L’allaitement maternel
Le taux d’allaitement maternel exclusif reste similaire pendant le séjour à la maternité comparativement à l’Enquête de 2016 (56,3 % vs 54,6%). Lorsqu’on compare aux autres pays européens, ce taux reste faible.
Les femmes ayant fait le choix d’alimentation avant la grossesse (2/3) ou pendant (1/3) ont déclaré souhaiter exclusivement pour 64,8% et partiellement pour 8,5%.
La durée du séjour en maternité
La durée du séjour en maternité continue de chuter, quel que soit le mode d’accouchement. La durée moyenne est de 3,7 jours en 2021.
Les séjours de 2 jours ou moins sont passés de 5% à 15,2% pour les accouchements par voie basse spontanée et de 5,8% à 17,7% pour les séjours de 3 jours ou moins pour les césariennes.
La prochaine enquête nous permettra de confirmer cette tendance ou non, car il se pourrait qu’elle soit influencée par le contexte de crise sanitaire.
Comment les mères ont-elles vécu la grossesse et l’accouchement ?
Pendant la grossesse, plus de 61% des femmes ont déclaré avoir été très satisfaites de leur suivi de grossesse, et plutôt satisfaites pour 34%. Par ailleurs, elles sont presque 3% à être insatisfaites et 0,7% très insatisfaites.
À l’accouchement, les femmes ont été majoritairement très satisfaites avec 76% et plutôt satisfaites pour 20%. Là aussi, 1,3% ont déclaré être très insatisfaites de leur prise en charge.
Malgré ces chiffres, il est à noter que plus d’une femme sur dix garde un mauvais ou très mauvais souvenir de leur accouchement.
Lors du séjour en suites de naissance, 85% des femmes s’estiment satisfaites ou très satisfaites des méthodes utilisées pour soulager les douleurs post-accouchement.
Malgré le raccourcissement de la durée du séjour, trois quarts des mères déclarent que celle-ci était adaptée et 18% l’estimaient trop longue.
Un point important en lien avec les violences obstétricales, c’est que les attitudes, comportement, paroles inadaptées ont été relatés durant toute la grossesse, mais plus particulièrement en post-partum avec 47,2%.
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