Avant l’épisiotomie était recommandée pour protéger le périnée des déchirures compliquées et préserver les fœtus de l’hypoxie. Mais l’épisiotomie préserve-t-elle le périnée d’une déchirure de degré 3 et 4 ? Cette vaste étude s’est intéressée à cette question.
L’épisiotomie n’est pas systématique
En 2005, le Collège National des Gynécologues Obstétriciens Français (CNGOF) mentionnait dans ses recommandations que « L’analyse de la littérature ne montre pas de bénéfices à une politique libérale d’épisiotomies par rapport à une utilisation restrictive, tant sur le versant fœtal (Grade C) que maternel (Grade A). Par conséquent, la pratique libérale de l’épisiotomie n’est pas recommandée. » À cette époque, on constatait 47% d’épisiotomie et le CNGOF visait alors une réduction à 30%.
Une prise de conscience s’est opérée au sein des professionnels de la naissance, et la diminution de cette pratique s’est poursuivie, l’Enquête nationale périnatale de 2016 relatait un taux global d’épisiotomie de 20%. Mais alors que la maternité de Besançon, cette même année, affichait un taux moyen d’épisiotomie de 0,5%, au final existe-t-il encore des indications pour recourir à l’épisiotomie ?
Quand indiquer une épisiotomie ?
Une étude, de grande envergure, publiée dans le journal de Gynécologie obstétrique a évalué le lien entre la pratique d’une épisiotomie et la survenue d’une lésion obstétricale du sphincter anal.
Au total, 623 003 femmes âgées de 18 à 50 ans ayant accouché par voie basse, en France, en 2018, ont été incluses.
Sur 239 949 primipares (38,5%), 10% ont eu une épisiotomie médio-latérale et 1,14% une déchirure du 3e et 4e degré.
Selon les chercheurs, il existe des facteurs de risque associés aux déchirures du périnée tels que la primarité (odds ratio ajusté (ORa) 2,97), la dystocie des épaules (ORa 2,57), l'accouchement instrumentale (forceps, ventouse) (ORa 3,81), l’accouchement post-terme (ORa 1,53), les efforts prolongés lors de la phase d’expulsion (1,53) et le diabète gestationnel (ORa 1,20).
Le moindre risque de déchirure périnéale est associé à la multiparité (OR 0,60 [0,42-0,86], p=0,050).
En cas d’épisiotomie médio-latérale et d’accouchement non instrumental, les chercheurs ont pu observer une augmentation des déchirures avec lésion du sphincter anal aussi bien chez les multipares (OR 1,32, intervalle de confiance à 95 % [IC] 1,07-1,62), que chez les primipares (OR 1,26, 95 % IC 1,13-1,39).
A contrario, l’épisiotomie médio-latérale en cas d’accouchement instrumental et de primiparité réduisait le risque de lésion du sphincter anal (OR 0,62, IC à 95 % 0,56-0,67).
Cette étude vient corroborer le fait que des maternités affichent des taux d’épisiotomie inférieurs à 1%. En effet, les auteurs découragent l’épisiotomie de routine et précisent qu’elle peut être envisagée, avec une extrême prudence, particulièrement en cas de primiparité et d’accouchement instrumental.
Sources :
episio.fr
ciane.net
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