Difficile de ne pas se préoccuper de la santé périnatale française. Crise démographique, hausse du taux de la mortalité infantile depuis 2012, comment dans un pays développé, les indicateurs de bonne santé périnatale peuvent-ils être autant dans le rouge ?
Pour alerter sur ce sujet et proposer des pistes d’amélioration, la Société française de médecine périnatale (SFMP) a publié une Tribune et l’Académie Nationale de Médecine a fait état d’un rapport sur la Planification d’une politique en matière de périnatalité en France.

Mortalité : Des marqueurs alarmants

Alors que la France occupait la 2e place, il y a 20 ans, elle a été reléguée à la 25e position au niveau européen : malgré les progrès médicaux, le taux de mortalité est à la hausse. Le constat est similaire pour le taux de mortinalité dont la France occupe le 20e rang et pire encore, lorsque 50% des incidents graves qui concernent les mères et les nouveau-nés en salle de naissance sont évitables, selon la HAS.
Dans la même lignée, 70% des décès liés à la grossesse, à l’accouchement ou à leurs suites étaient « évitables » ou « peut-être évitables » estiment les auteurs de l’enquête nationale confidentielle sur les morts maternelles.

Des professionnels à bout de souffle
 

La dégradation des conditions de travail des hôpitaux attaque les professionnels de santé. Les clignotants sont au rouge pour eux aussi. Entre 50 et 75% des gynécologues-obstétriciens sont en burn-out, près de 65% des sages-femmes cadres et 49% des pédiatres néonatologues souffrent de troubles du sommeil. Travailler à l’hôpital, c’est aussi faire plus de 50 heures par semaine et cinq gardes de 24 heures par mois. À  ce rythme-là, les professionnels expérimentés fuient l’hôpital et les plus jeunes évitent d’y mettre un pied. De cet effet boule de neige, les maternités doivent de plus en plus faire appel à des intérimaires (28% des maternités font appel plusieurs fois par mois à des intérimaires gynécologues-obstétriciens, autant pour les sages-femmes et 32% pour les anesthésistes-réanimateurs). Avec des professionnels connaissant moins les services, la sécurité n’est pas optimale. Ces maternités sont régulièrement impactées par des fermetures partielles, s’ensuit une compensation par les plus grandes maternités qui elles-mêmes se retrouvent en difficulté.

Un nouveau plan de périnatalité pour inverser la tendance ?
 

Selon l’Académie Nationale de Médecine, le déploiement d’un plan de périnatalité ambitieux est une véritable priorité. Parmi les points proposés, il s’agit de repenser l’organisation des structures, dont la réduction des maternités avec des contraintes structurelles et de ressource humaine. Ces structures devraient être regroupées avec des maternités de niveau 1 et 2 et garantir la sécurité et la satisfaction des usagers ainsi que des conditions acceptables de travail. Il est question aussi de changer l’image peu accueillante des grandes maternités dites « usines à bébé » en proposant des parcours de soins adaptés des plus physiologiques au plus complexes  en renforçant les moyens humains et en adaptant les locaux.  Un autre axe, est celui de favoriser la complémentarité entre les établissements de santé et la ville coordonnée à l’échelle du territoire et définie par la durée du trajet  pour conduire à une structure de niveau 2 ou 3.
Le développement des communautés périnatales de proximité avec des professionnels de ville vise à coordonner le parcours de santé et de soins avec la possibilité d’offrir des consultations, des structures d’hospitalisation.
Selon l’Académie Nationale de Médecine, « ces  mesures paraissent seules pouvoir pallier la réalité et le ressenti de désert périnatal par les familles et tous les acteurs de la périnatalité. »

Photo de Dominika Roseclay: https://www.pexels.com/fr-fr/photo/objectif-inclinable-photo-de-la-main-du-nourrisson-tenant-l-index-d-un-adulte-895515/