Selon les résultats d’une étude allemande, recourir à l’acupuncture avant une césarienne permettrait de réduire l’intensité moyenne de la douleur et favoriserait une réhabilitation précoce en post-partum.
Puisque les séjours en maternité sont de plus en plus courts, comment aider les mères césarisées à se remettre plus vite sur pied ? Selon cette étude, parue dans le Jama Network Open, l’acupuncture serait une piste intéressante. Voyons de plus prés.
Les chercheurs ont mené un essai randomisé monocentrique contrôlé par placebo à l'université de médecine de Greifswald, en Allemagne. Des femmes qui devaient accoucher par césarienne programmée sous rachianesthésie ont été randomisées soit dans le groupe acupuncture (n=60), soit dans le groupe placebo (n=60). Un autre groupe standard (n=60) a bénéficié de l’analgésique postopératoire.
Les patientes présentant des antécédents d'alcoolisme, utilisant des opioïdes ou des médicaments psychotropes ont été exclues. Les critères d'exclusion supplémentaires après l'inscription comprenaient l'échec de la rachianesthésie, la durée de l'accouchement par césarienne supérieure à 60 minutes, les complications peropératoires et les complications néonatales.
Les patientes étaient âgées en moyenne de 35 ans et présentaient des paramètres démographiques et peropératoires comparables dans les 3 groupes.
Le groupe acupuncture, en plus du traitement analgésique standard a reçu un traitement par acupuncture auriculaire et corporelle alors que le groupe placebo était traité avec des aiguilles placebo non pénétrantes.
Le protocole d’acupuncture était réalisé 20 minutes avant l’accouchement
Les objectifs étaient d’évaluer :
- l’intensité moyenne de la douleur au mouvement à l’aide d’une échelle verbale évaluable en 11 items
- les effets indésirables à l’analgésie
- la consommation d’antidouleur
- le délai de mobilisation et le retrait de la sonde de foley
- la satisfaction des patientes concernant la douleur
Quels sont les résultats ?
Les patientes du groupe acupuncture ont déclaré au premier jour postopératoire une intensité moyenne plus faible de la douleur comparativement au groupe placebo (4,7 [1,8] vs 6,0 [2,0] points ; Cohen d , 0,73 ; IC 95 %, 0,31-1,01 ; P = 0,001) et au groupe de soins standard (6,3 [1,3] points ; Cohen d , 1,01 ; IC 95 %, 0,63-1,40 ; P < 0,001).
Quarante et une patientes (68 %) du groupe acupuncture vs 19 patientes (32 %) du groupe placebo (RR, 2,13 ; IC 95 %, 1,43-3,25 ; P = 0,003) et 12 patientes (20 %) du groupe de soins standards (RR, 3,58 ; IC à 95 %, 2,01-5,83 ; P < 0,001) ont commencé leur mobilisation le jour de l'accouchement par césarienne.
Cinquante-neuf patientes (98 %) du groupe acupuncture s'étaient entièrement mobilisées par rapport à 49 patientes (83 %) du groupe placebo (RR, 1,18 ; IC à 95 %, 1,06-1,33 ; P = 0,01) et 35 patientes ( 58 %) du groupe de soins standards (RR, 1,69 ; IC à 95 %, 1,36-2,09 ; P < 0,001) le premier jour postopératoire ; il y avait une différence entre le groupe placebo et le groupe de soins standards (RR, 1,43 ; IC à 95 %, 1,09-1,79 ; P = 0,03).
Au premier jour post-opératoire, la sonde de Foley a été retirée chez 57 patientes (93 %) du groupe acupuncture contre 43 patientes (72 %) du groupe placebo (RR, 1,33 ; IC à 95 %, 1,12-1,57 ; P = 0,003) et 42 patientss (70 %) du groupe de soins standards (RR, 1,37 ; IC à 95 %, 1,14-1,62 ; P = 0,002).
L'incidence des perturbations dans certains aspects de la qualité de vie (mouvement, humeur, sommeil et plaisir de vivre) était comparable entre les groupes d'étude.
Cet essai présente des biais, entre autres, le fait qu’il soit monocentrique, avec un faible échantillon, comprenant un groupe standard non randomisé. Cependant, il ouvre des perspectives intéressantes, pour les femmes césarisées, qui méritent d'être approfondies.