Lorsque les thérapeutiques ne suffisent pas à stopper une hémorragie du post-partum sévère d’autres alternatives invasives sont envisagées comme l’embolisation des artères utérines et/ou l’hystérectomie. Mais avant d’en arriver là, il y a le tamponnement utérin et selon une méta-analyse, publiée dans l’American Journal of Obstetrics & Gynecology, le dispositif serait très efficace pour prendre en charge cette cause évitable de décès maternel.
Un peu d’histoire
L’idée du tamponnement intra-utérin date du 19e siècle. Autrefois, on utilisait des bandes de gaze puis d’autres dispositifs non spécifiques comme la sonde vésicale de Foley ou bien le ballonnet de Rush. Mais ces sondes n’étaient pas conçues pour l’utérus, d’où la création du ballon de Bakri pour un usage spécifique à l'obstétrique. Il a été mis au point par Dr Younes Bakri et se présente sous la forme d’un cathéter en silicone dont la capacité de remplissage est de 500 ml (de sérum physiologique). Il est introduit, en respectant les règles d’asepsie, dans l’utérus, dessus l’orifice interne du col. Une fois gonflé, il fait pression contre le myomètre et obture les vaisseaux béants du lit placentaire. Si les saignements cessent rapidement, il peut rester en place jusqu’à 24 heures.
Plus de 85% d’efficacité
Avec une utilisation simple et facilement reproductible, il serait efficace pour sauver d’une hémorragie du post-partum sévère. C’est au travers d’une méta-analyse comprenant 91 études (6 essais randomisés, 1 essai randomisé en grappes, 15 études non randomisées et 69 séries de cas) et incluant 4729 femmes que des chercheurs ont évalué le taux de réussite de la tamponnade intra-utérine avec ballonnet pour traiter une hémorragie du post-partum. Ils ont mis en évidence un taux de réussite global de 85,9%. Le taux était plus élevé pour les accouchements voie basse (87%) comparativement aux césariennes (81,7%).
Des études antérieures montraient que le tamponnement intra-utérin avec un ballonnet arrêtait les saignements dans 77,5% à 88,8% sans recourir au traitement chirurgical. D’autres recommandaient son utilisation pour l’inclure dans les protocoles de gestion de l’hémorragie post-partum. D’ailleurs L’International Federation of Gynaecology and Obstetrics (FIGO) le préconise dans ses recommandations de prévention et de traitement de l’hémorragie du post-partum.
Mais pour sauver des vies il faut plus que poser un ballonnet…
Selon l’OMS, plus de 800 femmes meurent tous les jours dans le monde de causes évitables liés à la grossesse et l’accouchement et l’hémorragie du post-partum constitue la première cause de ces décès. Traiter efficacement l’hémorragie du post-partum est donc un enjeu de taille et le ballonnet semble pouvoir apporter sa pierre à l’édifice. Mais le travail est loin d’être terminé car comme le souligne les auteurs d’autres études sont nécessaires pour « préciser les bonnes pratiques d’utilisation ».
Sources :
Uterine Balloon Tamponade for the Treatment of Postpartum Hemorrhage: a Systematic Review and Meta-Analysis - American Journal of Obstetrics & Gynecology Jan, 2020 DOI : 10.1016/j.ajog.2019.11.1287
Guidelines on post-partum haemorrhage - FIGO - avril 2012
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