Souffrir de pesanteur pelvienne après accouchement n’est pas rare. Ce trouble du post-partum peut disparaître quelques semaines plus tard. Mais dans certains cas le problème persiste. Que peut-on alors proposer aux patientes ?
Par Delphine Grosso, sage-femme ostéopathe
En tant que sage-femme ostéopathe, j’aimerais vous faire partager mon expérience sur le traitement par ostéopathie d’une pesanteur pelvienne suite à un accouchement par voie basse.
Après l’accouchement, les patientes peuvent ressentir des lourdeurs du périnée parfois accompagnées de douleurs, souvent lorsqu’elles portent leur bébé, où qu’elles restent longtemps debout. Ces pesanteurs peuvent s’estomper au bout de quelques semaines mais réapparaitre lors des règles. Elles peuvent aussi parfois évoluer vers des dyspareunies.
Le post-partum qui s’étend du 2e au 90e jour après l’accouchement est la période idéale pour apporter à la nouvelle mère un accompagnement de sa douleur.
En effet, l’accouchement est un traumatisme important. Lors du passage du bébé, le périnée, les nerfs, les ligaments, et la muqueuse vaginale vont subir des microtraumatismes comme des déchirures, des étirements, des élongations qui auront pour conséquence pour certaines femmes des problèmes de pesanteurs pelviennes.
Grâce à un traitement interne, la jeune mère pourra retrouver un corps équilibré sans douleurs, ce qui lui permettra de retrouver sa vie de femme et de s’épanouir dans sa vie de maman.
Un peu d’anatomie…
L’appareil génital se compose de différents muscles et de tissu conjonctif dont l’anatomie pourra se modifier lors du passage du foetus. Le cadre osseux du bassin joue un rôle fondamental au cours de l’accouchement puisqu’il représente un moyen de fixité de l’appareil génital par l’intermédiaire des ligaments.
On trouvera les ligaments ronds et les ligaments larges sur la partie antérieure de l’utérus, les ligaments pubo-vésico-utérins entre la vessie et l’utérus, les ligaments utéro-sacrés entre l’utérus et le sacrum, ainsi que les ligaments utéro-ovariens entre l’utérus et les ovaires.
Concernant les muscles, nous nous intéresserons aux muscles du périnée avec notamment les muscles transverses profonds contribuant à former le noyau fibreux central du périnée étiré au passage du bébé. Le pubo-rectal et les structures conjonctives participent à créer l’angulation vaginale physiologique qui pourra être modifiée également à l’accouchement et être responsables là aussi de douleurs, plus à type de dyspareunies.
Il y aussi la plaque des releveurs de l’anus composée des muscles ischio-coccygiens reliant les épines sciatiques des iliaques, au sacrum et au coccyx, souvent étirés au moment de l’accouchement par la mobilité du sacrum nécessaire au passage du bébé ; les ilio- coccygiens reliant les obturateurs à l’épine sciatique de l’iliaque, ainsi que les pubo-coccygiens, allant des ilio-coccygiens au coccyx, le coccyx étant un élément osseux qui recule au moment du passage.
Le système nerveux concerné par les pesanteurs pelviennes est le plexus lombo-sacré; en effet, ce plexus est souvent distendu au passage du bébé, il sera nécessaire de travailler sur les lames SRGVP (sacro-recto-génito-vésico-pubiennes), à l’intérieur desquelles circulent les branches terminales des plexus innervant la région génitale et notamment les obturateurs internes très douloureux lors des pesanteurs pelviennes.
Les bénéfices de l’ostéopathie
Au passage du bébé, ces ligaments, muscles et structures nerveuses peuvent être traumatisées.
A l’aide de techniques issues de l’ostéopathie interne, il est possible d’apporter en 1 ou 2 séances un soulagement immédiat de ces douleurs.
Le travail se fait par voie vaginale, de manière douce, par des points de pression et permet de détendre les différentes structures musculaires, ligamentaires et nerveuses afin que l’équilibre physiologique puisse être rétabli.
Le traitement sera aussi complété par une remise en place du bassin en externe sur la même séance.
J’ai pu traiter de nombreuses patientes que ce soit dans le post partum immédiat ou même des années après et le soulagement a été immédiat.
Les pesanteurs pelviennes restent encore un sujet tabou. Les professionnels de santé leur expliquent souvent que ces douleurs disparaitront quelques mois après l’accouchement mais sans traitement, elles garderont dans la plupart des cas leurs douleurs. Il est donc nécessaire d’encourager les femmes à en parler pour les orienter vers des professionnels spécifiques.