L’utilisation d’une sucette lorsqu’une mère allaite a toujours suscité débat. Soumise à la controverse, la sucette a longtemps été considérée comme un objet nuisant à l’allaitement maternel. Cette étude publiée dans la revue européenne de pédiatrie est moins catégorique.
Si on vante les bienfaits de l’allaitement maternel, c’est parce que les données scientifiques ne cessent de s’enrichir sur ces bénéfices sur la santé maternelle et infantile. Réduction de la mortalité, morbidité, des infections digestives, respiratoires des maladies chroniques chez l’enfant, diminution des risques de développer un cancer du sein, de l’ovaire chez la mère et la liste est encore longue.
Alors mieux vaut ne pas compromettre la mise en place et la poursuite de l’allaitement maternel.
Pour donner les chances d’un allaitement réussi, l’OMS, préconise à travers l’initiative-hôpital ami des bébés d’informer les mères sur les risques de l’utilisation des tétines et de la sucette. En effet, selon l’OMS ces objets sont susceptibles d’entraver l’allaitement maternel, car quand le nourrisson tète une sucette, il ne stimule pas le sein de sa mère ce qui pourrait réduire la production de lait maternel et par conséquent réduire la durée de l’allaitement.
Si des études observationnelles ont montré que le recours à la sucette entrainait un sevrage précoce de l’allaitement maternel (1-2), parallèlement d’autres n’ont pas montré d’effets négatifs (3-4), mais plutôt mettent en évidence des problèmes d’allaitement sans en être la cause.
Par ailleurs, la sucette, diabolisée par certains, est connue pour diminuer les risques de mort subite du nourrisson (5,6).
En 2016, une revue Cochrane concluait que l’utilisation de sucette n’influençait pas négativement la prévalence et la durée de l’allaitement maternel exclusif et partiel des nourrissons à terme et en bonne santé.
Dans la revue européenne de pédiatrie, des chercheurs ont mis à jour ces précédentes données à travers une revue de la littérature et une méta-analyse d’essais randomisés pour comparer les effets de l’utilisation restreinte de la sucette sur le succès de l’allaitement maternel chez les prématurés et chez les enfants nés à terme.
L’allaitement maternel et la sucette ne font pas si mauvais ménage
Parmi les études incluses, troisd’entre ellesont été menéessur 1 862 nourrissonsà termeet montraient que le taux d’allaitement maternel était similaire à 2 mois dans les groupes avec ou sans sucette (3,4,7).
À 3 mois, le taux d’allaitement maternel était également identique selon 3 études portant sur 1 621 nouveau-nés (dont 283 prématurés) (8,4,9) et une autre incluant 1 338 nouveau-nés à terme.
À 4 (3,4,3) et 6 (3,7,9) mois, les auteurs ne retrouvent pas non plus de différences entre les 2 groupes .
La qualité des preuves a été classée comme modérée et élevée.
Allaitement maternel, sucette : focus sur les prématurés
Quatre études (6,10,11) portant sur 283 prématurés ont montré que l’utilisation de la tétine raccourcissait la durée d’hospitalisation de 7 joues (différence moyenne 7,23 ; intervalle de confiance à 95 % IC 3,98-10,48).
Quatre autres (6,10,11) ont analysé le temps de transition entre l’alimentation par gavage et ‘alimentation orale. Les résultats ont montré une réduction du temps de transition de 3 jours (DM 3,21 jours, IC 1,19–5,24)
Pas de dommages collatéraux
Les résultats de ces travaux restent en cohérence avec la revue Cochrane de 2016. Restreindre absolument la sucette n’est pas, selon ces résultats, une action pour améliorer les taux d’allaitements puisqu’il n’y a pas de différence entre le groupe avec et sans sucette jusqu’à 6 mois. En ce qui concerne les prématurés, l’introduction de la tétine semble même être associée à des bénéfices (réduction du temps d’hospitalisation de 7 jours et raccourcissent du temps de transition entre l’alimentation par gavage et alimentation orale).
Évidement, en cas d’allaitement maternel proposer le sein à l’éveil reste ce qui est conseillé. La tétine ne doit pas se substituer au sein.
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC9395499/#!po=16.6667