La diversification alimentaire de l’enfant reste un sujet incontournable pour les parents comme pour les professionnels. Si les recommandations sont hétérogènes d’un pays à un autre, un des objectifs est de prévenir les allergies de l’enfant. Un article publié dans la revue française d’allergologie a analysé le rôle de la diversification alimentaire dans la prévention primaire et secondaire des allergies alimentaires.
Quelle « fenêtre de tolérance » ?
Les recommandations sur la diversification alimentaire ont régulièrement changé ces dernières années. Il y a près de 20 ans, les préconisations américaines étaient basées sur l’éviction d’aliments, pas d’œuf avant l’âge de 2 ans, ni même du poisson avant 3 ans. Depuis les connaissances sur le mécanisme des allergies ont évolué. Les études cliniques montrent que prévenir d’une allergie passe plutôt par l’acquisition de la tolérance à un allergène.
Ainsi pour acquérir cette tolérance, il faut être confronté à l’allergène durant une période charnière, dite « fenêtre de tolérance ». Celle-ci, s’étend entre les 4 et 6 mois de l’enfant.
La tolérance aux allergènes alimentaires est facilitée quand l’enfant est exposé par voie orale, quand les aliments contiennent suffisamment de vitamine D mais aussi lorsqu’il présente une flore microbienne diversifiée.
Quand introduire un aliment à risque ?
Les études portant sur la diversification alimentaires, qu’elles soient observationnelles ou prospectives, analysent surtout l’introduction précoce d’un aliment à risque, tel que l’arachide, le blé, l’œuf, le lait de vache, en population générale et en population à risque (antécédents familiaux ou personnel). Elles sont conduites chez les enfants entre 4 et 6 mois et après 6 mois.
Concernant l’œuf, un enfant sur 200, sans antécédent personnel ou familial y est déjà allergique avant ses 6 mois. Il développera une réaction allergique à sa première consommation. Alors faut-il l’introduire précocement ? Il semblerait que oui, puisque son introduction avant 6 mois préviendrait d’une allergie médiée de 3% chez les enfants en population générale et de 19% chez les enfants avec eczéma modéré à sévère.
Les données scientifiques parviennent à la même conclusion pour l’arachide où la prévention de l’allergie serait 2% et de 11% respectivement en population générale et en population présentant un eczéma modéré ou sévère.
Les études analysées dans l’article préconisent une diversification alimentaire large entre 4 et 6 mois
Quelles sont les recommandations européennes ?
L’ESPGHAN( The European Society for Paediatric Gastroenterology Hepatology and Nutrition), a conclu en 2017, suite à une analyse de la littérature à :
Une diversification alimentaire ≥ 4–6 mois
L’introduction des aliments allergisants ≥ 4 mois
L’introduction d’arachide entre 4 et 11 mois, après évaluation par un professionnel dûment formé, chez les enfants à haut risque d’allergie à l’arachide (eczéma grave, allergie à l’oeuf ou les deux)
Aussi, les traditions et les modes d’alimentation de la population doivent être pris en compte pour la diversification
Les modalités de la diversification alimentaire est un des paramètres jouant un rôle dans la prévention des allergies. Elle doit être précoce, sans restriction, tout en tenant compte des habitudes alimentaire de la famille. Si les enfants à risque demandent une attention particulière, la prévention des allergies concernent tout le monde.
Référence :
Bidat E et al. Prévention des allergies alimentaires : la diversification en 2019. Revue Française d’Allergologie. Disponible en ligne depuis le 16 mars 2019. Doi : 10.1016/j.reval.2019.02.015
©Pixabay