La dyspareunie touche de nombreuses femmes, avec des chiffres variant de 12% à 62%, selon les études, à 3 mois de l’accouchement. A quoi ce trouble est-il lié ? Les traumatismes périnéaux sont-ils mis en cause ? Cette étude de la revue Obstetrics & Gynecology nous apporte un éclairage.
Une étude de cohorte prospective portant sur 582 primipares à chercher à identifier l’évolution de la dyspareunie et à analyser les facteurs de risque bio-psycho-sociaux associés.
La méthode de l'étude
Les participantes agées d’au moins 18 ans ont rempli une échelle analogique de la douleur (entre 0 et 10) pour coter l’intensité de la douleur au cours des rapports sexuels sur les quatre dernières semaines. Cette évaluation a été réalisée six fois, entre 20 et 24 semaines, 32 et 34 semaines de grossesse et après l’accouchement, à 3, 6, 12 et 24 mois.
Les patientes avec des pathologies psychiatriques stabilisées ont été incluses dans l’étude. De plus, les caractèristiques du travail et les variables psycho-sociales ont été prises en compte.
L'épuisement maternel augmente la probabilité de souffrir de dyspareunie
La prévalence de la dyspareunie était la plus élevée trois mois après l’accouchement avec 31%. Elle était respectivement à 22 semaines, 32 semaines de grossesse, 6 mois, 12 mois et 24 mois après l’accouchement de 15%, 25%, 19%, 15% et 12%.
La douleur est considérée significative à partir de 4 sur l’échelle analogique de la douleur.
Parmi les femmes incluses, 79% présentent une dyspareunie minime, avec l'échelle analogique de la douleur inférieure à 4 et 21% une dyspareunie modérée, avec une cotation de la douleur au-delà de 4. Dans ces deux groupes, la douleur a augmenté en milieu de grossesse puis a diminiué à partir de 3 mois après l’accouchement jusqu’à 12 mois et se stabilise jusqu’à 24 mois.
Dans cette étude, la douleur chronique antérieure, par exemple une dyspareunie préexistante, une analgésie péridurale, un déclenchement du travail, une épisiotomie, une déchirure périnéale, le mode d'accouchement, l’allaitement ou non, une nouvelle grossesse lors du post-partum ne sont pas des fecteurs prédictifs d'une dyspareunie.
Par contre, une fatigue intense (rapport de cotes [OR] 1,30 ; IC à 95 % 1,05-1,60) et des symptômes dépressifs (OR 1,08 ; IC à 95 % 1,02-1,14) pendant la grossesse ou bien un épuisement (OR 1,27 ; IC à 95 % 1,04-1,56) et la dramatisation de la douleur ( OR 1,10 ; IC à 95 % 1,05–1. 16) à 3 mois post-partum ont augmenté la probabilité de souffrir de douleurs modérées liées à une dyspareunie.
Soutien des mères après l'accouchement
La dyspareunie touche une femme sur cinq à 3 mois du post-partum. Alors que la dépression, l’épuisement semblent prédisposer les femmes à développer une dyspareunie, il est temps de renforcer l’accompagnement et le soutien des femmes après la naissance de leur enfant, surtout lorsqu’il s’agit d’une primipare.