Peur, angoisse, culpabilité, une enquête met le doigt sur l’impact psychologique après une pré-éclampsie.
Débutée dans le bonheur une grossesse peut basculer vers un cauchemar lorsque surgissent des complications. Parmi les complications gravidiques, il y a la pré-éclampsie qui elle-même peut évoluer vers des formes plus graves telles que l’HELLP syndrome, la crise d’éclampsie, l’hématome rétro-placentaire et l’insuffisance rénale. En France, on compte chaque année 15 000 femmes touchées par la pré-éclampsie. Une pathologie dont l’impact psychologique des mères n’est pas des moindres selon une enquête réalisée par l’association Grossesse Santé.
Elles sont 54% à faire des cauchemars de leur accouchement
Après avoir interrogé près de 1000 femmes confrontées à une pré-éclampsie les chiffres révèlent le mal-être des mères. Dans les jours qui suivent l’accouchement, la peur, l’angoisse, la culpabilité sont des réactions largement exprimées par ces femmes avec respectivement, 81%, 85% et 78%. Des semaines, des mois plus tard, elles sont 96% à repenser à l’évènement sans le vouloir, 64% ont le sentiment de revivre l’événement. Aussi, le sentiment d’avoir échappé de peu à la mort concerne 78% des femmes et 54% ont fait des cauchemars suite à leur accouchement.
Dans de nombreux cas, les femmes souffrent de stress post-traumatique
Reprendre le cours de la vie après une grossesse marquée par une pré-éclampsie n’est pas si simple. En effet, 51% des répondantes ont rencontré des difficultés pour accomplir les tâches de la vie quotidienne, à s’occuper de leur bébé, des autres enfants, à travailler… et dans 78% des cas, ces difficultés ont perduré de quelques mois à plus d’un an.
L’enquête met en lumière aussi que 49% des femmes expriment de la tristesse, 10% des idées suicidaires et 25% se sentent incapables de s’occuper de leur bébé. Des chiffres qui révèlent une susceptibilité plus importante pour ces femmes de développer une dépression du post-partum.
Quels soutiens pour ces femmes ?
L’enquête a permis également de connaître les types de soutien que ces femmes ont reçu. Presque la moitié d’entre elles, 44% ont bénéficié d’un ou deux consultations avec le/la psychologue de la maternité, mais 48% ont trouvé que leur intérêt était limité.
La lecture des témoignages d’autres mères représente une aide pour 61% des femmes. Ensuite, avec des taux similaires, pour passer le cap, des femmes partagent leur histoire (26%), d'autres reçoivent le soutien d’autres mères sur les réseaux sociaux (27%) ou celui de professionnel de la psychologie (26%).
La majorité des mères ayant répondu au questionnaire ont connu des complications plus sévères par rapport à l’ensemble des femmes touchées par la pré-éclampsie on peut donc suggérer qu’elles aient été plus affectées sur le plan psychologique. En tout cas, cette étude a son importance puisqu’elle sensibilise de façon plus globale sur la prise en charge des femmes dont la grossesse se complique d’une pré-éclampsie. Outre le côté médical, il y a aussi tout le versant psychologique. Et apparemment, des progrès sont à faire puisque 35% des femmes ne se sont pas senties écoutées par les professionnels de santé.