Une revue Cochrane a cherché à évaluer l’efficacité des antiagrégants plaquettaires pour prévenir la pré-éclampsie. Une pathologie potentiellement grave pour la mère et le fœtus.
Rappel sur la pré-éclampsie
La pré-éclampsie est une pathologie du 2e et 3e trimestre. Sa prévalence est estimée entre 1 et 3% chez les nullipares, en France. Elle représente 10% des morts maternelles et 25% des morts périnatales. La pathologie associe une hypertension maternelle ((≥ 140 mm Hg et/ou PAD ≥ 90 mm Hg , mesurée à 2 reprises, à 4 heures d’intervalle), protéinurie (≥ 300 mg/24h), un rapport protéinurie/créatininémie sur miction > 30 mg/mmol.
Le diagnostic de pré-éclampsie peut être aussi posé en cas d’HTA associée à des signes d’insuffisances organiques maternelles, même sans protéinurie significative (thrombopénie et/ou atteinte rénale ou hépatique et/ou -OAP (Œdème Aigu du Poumon) et/ou atteinte neurologique).
La pré-éclampsie est une pathologie qui se caractérise une déficience de production intravasculaire en prostacycline (PGl2), un vasodilatateur, et parallèlement une production accrue en thromboxane, un vasoconstricteur qui stimule l’agrégation plaquettaire. Partant de ces connaissances, une revue Cochrane a évalué l’efficacité et l’innocuité d’antiagrégants plaquettaires comme l’aspirine et le dipyridamole dans la prévention de la pré-éclampsie.
La prise d’antiagrégant a réduit le risque de pré-éclampsie de 18%
La revue Cochrane comprend 77 essais randomisés, dont 40 249 femmes et leurs bébés. Au final, la revue inclus 74 essais randomisés et 40 016 femmes et bébés. La plupart des femmes, recrutées après 12 semaines de gestation, présentaient un risque de développer un risque de pré-éclampsie. L’aspirine à des doses, s’étendant de 50 mg à 180 mg, était l’antiagrégant plaquettaire le plus souvent utilisé.
Les résultats ont montré que :
La prise d’antiagrégant plaquettaire réduire le risque de pré-éclampsie de 18%
Elle a réduit de 9% le risque de naissance prématurée
Elle diminue le risque de petit poids d’âge gestationnel
Aussi le nombre décès in utero et néonatals a été réduit de 15%
Par ailleurs, les auteurs ont noté qu’un peu plus de femmes ont présenté une hémorragie du post-partum mais les données étaient de qualité modérée.
Faut-il prescrire l’aspirine pour prévenir la pré-éclampsie ?
Ces résultats montrent que la prise d’aspirine à faible dose est sûre et présente des bénéfices en réduisant les complications maternelles et fœtales. Mais alors, peut-on améliorer ces résultats en prescrivant l’antiagrégant plaquettaire avant 12 semaines de gestation et à des doses plus importantes ? Voilà d’autres questions qui restent à élucidées…
Source : Antiagrégants plaquettaires pour éviter la pré-éclampsie et ses complications - Cochrane 30.10.2019