L’infection à CMV est une des infections les plus fréquentes chez les femmes enceintes à travers le monde. Les conséquences d’une infection congénitale sont potentiellement graves pour l’enfant à venir. Pourtant, selon cette revue de la littérature, l’information auprès des femmes enceintes, un moyen simple, peut prévenir efficacement l’infection.
En France, l’infection à CMV touche 2,3% des femmes enceintes. Le CMV est un virus de l’herpès à ADN dont les deux principales voies d'infection maternelle primaire sont les rapports sexuels et le contact étroit avec de jeunes enfants. Le virus se transmet par contact direct ou indirect de personne à personne avec des fluides corporels infectieux, y compris le sperme, les sécrétions cervicales ou vaginales, la salive, l'urine et les produits sanguins.
L’infection se manifeste, chez la mère, par des symptômes similaires à la grippe ou à ceux de la mononucléose. Chez l’enfant à venir, elle est la première cause de déficiences neurosensorielles non génétiques entraînant 10% des infirmités motrices cérébrales. Si dans la majorité des cas, les nouveau-nés sont asymptomatiques (85-90%), 5 à 15% souffrent de troubles neurodéveloppementaux tardifs ou d'une perte auditive.
Ces conséquences graves pourraient être limitées par la prévention. Une revue de la littérature a évalué les différentes stratégies de prévention. Le point sur la stratégie primaire.
La sensibilisation est efficace pour prévenir le risque d’infection à CMV mais …
La sensibilisation et les connaissances des femmes enceintes sur le CMV sont, selon des études, des moyens efficaces pour réduire les risques d’infection congénitale. Pourtant la littérature montre que le niveau de connaissance est globalement faible. Au Japon, l’évolution des connaissances des femmes enceintes n’a pas progressé en 6 ans, il est resté faible avec 7%. En Irlande, Australie, Hollande, Arabie Saoudite, le taux de connaissance était de moins de 20%. En Suisse, en Italie, en France le taux de sensibilisation fluctue entre 39 et 60%.
La sensibilisation du CMV par rapport à d’autres infections comme la toxoplasmose reste inférieure chez les femmes enceintes.
Les mesures d’hygiène, une stratégie efficace pour réduire le risque d’infection
Les mesures d’hygiène réduisent quatre à cinq fois le risque d’infection au CMV. Des études montrent qu’une fois informées, les femmes enceintes adhéraient positivement à l’éducation et rapportaient une facilité d’application de 65% à 98%. Par ailleurs, les connaissances des femmes enceintes sur les mesures d’hygiène variaient considérablement, de 5% à 92%. La moitié des études ayant évalué diverses mesures d’hygiène (le lavage des mains après le change d’une couche, ne pas partager la même cuillère, de ne pas embrasser sur les lèvres, éviter le contact avec les sécrétions nasales, les larmes) rapportaient un taux de connaissance inférieur à 50%.
La mesure préventive consistant à ne pas embrasser les enfants sur les lèvres était plus difficile à mettre en œuvre pour certaines femmes. Cette habitude peut être culturelle alors pour être approprié, le message préventif doit prendre en compte cet aspect.
Prévention primaire et professionnels de santé
Les professionnels de santé jouent un rôle primordial dans l’information des femmes enceintes. Toutefois, les études montrent que les pratiques d’information et de prévention diffèrent d’un professionnel de santé à l’autre et mettent en évidence également des lacunes dans la formation des médecins.
La littérature montre que le taux de connaissance des professionnels de santé était variable : 9 à 20% pour les voies de transmissions, 50 à 94% pour les symptômes, 43 à 94% pour les symptômes à plus long terme. Une étude révèle que 32 à 70% des professionnels interrogés n’ont jamais donné d’information sur le CMV à leurs patientes. Parmi les raisons évoquées, la méconnaissance des risques et des mesures préventives, la peur d’être une source d’anxiété pour la mère, le manque de temps, la conviction que la maladie est rare et qu’il ne s’agit pas d’une recommandation obligatoire.
Formation des professionnels de santé et impact sur la prévention
La participation à un programme éducatif permet d’améliorer les connaissances des professionnels de santé (26,9%) et d’augmenter (à 100%) l’adhésion à donner le conseil prénatal. Une étude française montre que sur un suivi de 6 ans, les professionnels de santé ont amélioré leurs connaissances globales sur le CMV. Le taux d’amélioration des connaissances était de 36% et celui-ci était associé au niveau de délivrance des messages préventifs.
Étant donné que la vaccination contre le CMV est en cours d’expérimentation, la prévention primaire reste une stratégie efficace pour prévenir une infection congénitale. Pour cela, il est essentiel que les professionnels de santé soient informés afin de diffuser des messages de sensibilisation adaptés aux femmes enceintes.
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