L’expérience de la parentalité est susceptible d’être modifiée selon l’évolution de la grossesse. Alors que dans la littérature, on trouve plus d’articles sur l’expérience des mères en cas de grossesse à haut risque, cette étude a évalué l’étendue de la littérature portant sur les expériences des pères.
Quelle est l’expérience des pères quand la mère traverse une grossesse à haut risque ? D’ailleurs, cette composante a t-elle été explorée dans les études ?
Alors que l’on sait déjà que la transition vers la paternité a un impact sur la santé mentale et le bien-être des hommes, des chercheurs ont tenté de répondre à ces questions.
La grossesse est dite à haut risque quand la vie de la mère et/ou du fœtus est en danger du fait d’une complication obstétricale (diabète gestationnel, hypertension artérielle gravidique, grossesse multiple…) et/ou d’une complication médicale (maladie cardiaque, lupus,…).
Si une grossesse physiologique peut influencer négativement le plan psychologique de la mère et du père, en cas de grossesse à haut risque, l’impact est d’autant plus important. Pourtant, les structures de soins proposent plus facilement un soutien psychologique aux mères qu’aux pères.
Dans les recherches, le père est plus assimilé à un statut parental, un statut de fécondité ou encore les représentations traditionnelles semblent empêcher le père d’être impliqué du fait de construction hégémonique de la masculinité qui demande aux pères d’adopter une virilité à travers la domination des autres. Dans ce rôle s’inscrit la capacité de subvenir aux besoins financiers de la famille.
En cas de pathologie exposant la grossesse à un risque, on attend des hommes qu’ils soutiennent leur femme, mais eux-mêmes ont besoin de soutien. Ils sont susceptibles de se trouver en état de choc et de se sentir isolés une fois que le bébé est né. Ceci peut-être renforcé par le fait que les hommes se préparent à être père une fois que l’enfant est né alors que les mères se préparent tout au long de la grossesse.
En cas de grossesse à risque, le passage à la paternité se fragmente. Quel sera son effet sur le bien-être du père ? La présente étude vise à déterminer la littérature existante sur ce sujet.
Les chercheurs ont inclus 15 études dans une revue de la littérature. Une synthèse narrative a permis de dégager 4 thèmes : Le père versus le professionnel de santé et le milieu hospitalier, L'impact des grossesses à risque sur les pères, Redéfinir le rôle de « père » après avoir vécu une grossesse à haut risque et focus sur les pères : recommandations pour le soutien pendant les grossesses à haut risque .
Le père versus le professionnel de santé et le milieu hospitalier
Les pères déclarent un manque de communication avec les professionnels de santé, signalent un sentiment de négligence voire d’exclusion dans un environnement où ils ne sentent pas toujours les bienvenus.
Ce manque de communication induit l’incapacité du père à se préparer aux éventuelles complications ce qui renforce leur sentiment d’insécurité, d’anxiété et d’impuissance.
Les informations des professionnels de santé sur le pronostic de la grossesse sont surtout données aux mères. Les pères, avec ce manque de connaissance, se retrouvent démunis pour assister la mère quand les complications surviennent. Ces complications sont matière à entraîner un traumatisme chez la mère, mais aussi chez le père qui pour ce dernier n’est pas toujours reconnu par les professionnels de santé.
L’impact des grossesses à risque sur les pères
Les pères se sentaient stressés, épuisés. Ils continuaient à travailler, s’assurer que les tâches ménagères étaient accomplies et que la mère recevait assez de soutien, mais en contrôlant leurs propres émotions afin de ne pas nuire aux besoins de leur compagne.
D’un point de vue extérieur, il était essentiel pour les hommes de montrer qu’ils étaient forts, capables de faire face. Finalement c’est la construction sociale autour de la masculinité qui les empêche de se confronter à leur propre vulnérabilité même s’ils ont indiqué qu’ils se sentaient inspirés par leur bébé et leur partenaire.
La paternité c’est la construction de l’identité du père et les relations familiales participent au processus.
Redéfinir le rôle du père après une grossesse à risque
Les pères, face à une grossesse à risque élevé, manifestaient d’abord de la peur pour leur partenaire, puis une fois, qu’ils savaient que celle-ci était en sécurité, la peur se tournait vers le nouveau-né. Les pères étaient mis à l’écart, ce qu’ils regrettaient puisque cela les empêcher de faire partie de l’expérience de la grossesse.
L’accouchement peut être un événement traumatisant pour les pères, mais le fait de devoir « rester forts » entravait la recherche de soutien auprès d’un professionnel pour les aider.
Être un père ; un bon mari/partenaire, un chef de famille fort, un fils, un travailleur généraient du stress, augmentant l'épuisement professionnel, la dépression, et mi-temps à rude épreuve la relation conjugale.
Recommandations pour un accompagnement en cas de grossesse à risque
Les pères ont signalé l’importance de la communication avec les professionnels de santé et d’un meilleur soutien à leur égard. Ce soutien faciliterait leur adaptation et contribuerait à leur préparation en cas d’éventuelle complication. De façon globale, ceci rendrait l’expérience meilleure et impacterait positivement leur accompagnement auprès de leur partenaire.
Une étude a montré que les pères appréciaient d’être tenu à jour des évenements, d’accompagner leur femme en cas de césarienne ce qui validait leur présence en tant que père, en tant que soutien familial.
Les pères souhaiteraient échanger avec des réseaux masculins pour les aider en cas de complication de la grossesse et aussi pour améliorer leur connaissance sur la santé maternelle.
L’inclusion des hommes favoriserait le soutien maternel
Cette revue a tout d’abord montré que les données sur l’expérience des pères en cas de grossesse à haut risque étaient assez pauvres. Néanmoins, on ne peut faire abstraction de ce qu’ont déclaré les pères. À savoir, la mise à l’écart par les professionnels de santé, ce qui renforçait leur aliénation et un soutien plus fragile à l’égard de leur partenaire.
Ceci se confrontait aussi à la construction sociale de la masculinité, un poids pour aborder plus sereinement à la paternité, car certains pour ne faire transparaître leurs émotions ne se faisaient pas aider par un professionnel en cas de difficultés psychologiques.