La grossesse est une période de déséquilibre psychologique et physique ; l’homéopathie, respectueuse de la physiologie, peut être une aide précieuse pour traiter des symptômes tout au long de la grossesse et préparer l’accouchement. Point sur ces traitements avec Christelle Charvet, gynécologue -obstétricienne et homéopathe à Lyon.
Quelles particularités présente la prescription de médicaments homéopathiques pendant la grossesse ?
Le médicament homéopathique n’est pas dangereux pendant la grossesse. Le seul danger est de méconnaître une pathologie qui nécessiterait une prise en charge différente, le traitement homéopathique pouvant dans ce cas retarder un traitement plus adapté.
La posologie est identique chez la femme enceinte, l’enfant, l’adulte ou la personne âgée, en revanche sur le plan de la galénique, il est à noter que les médicaments homéopathiques sous forme de gouttes contiennent de l’alcool. Chez la femme enceinte, il faut éviter ces conditionnements et les remplacer par des granules ou des comprimés.
Par ailleurs, en cas de diabète gestationnel, la prise de médicaments homéopathiques est possible, la quantité de sucre contenu dans les granules étant infime : un tube de 80 granules contient 4 g de sucres, dont 85 % de saccharose et 15 % de lactose, alors qu'un morceau de sucre contient 5 g de saccharose.
L’homéopathie peut-elle améliorer les troubles du sommeil, les troubles de l’humeur ?
Ces troubles sont très perturbateurs ; il n’est pas rare de voir des patientes sous benzodiazépines ou somnifères divers pendant la grossesse. Or ces médicaments endorment aussi le fœtus et créent une accoutumance chez la mère avec un syndrome de sevrage à l’arrêt. Il est donc plus raisonnable de conseiller un traitement homéopathique.
La femme enceinte a souvent des difficultés pour s’endormir ; elle se couche plus tôt car elle est fatiguée, se réveille plus tôt. Le sommeil est seulement "décalé". Si la durée de sommeil est préservée et que la patiente n’est pas fatiguée, aucun traitement n’est nécessaire. Parfois, les troubles du sommeil accompagnent des troubles de l’humeur.
L’angoisse peut générer tous les symptômes : des douleurs digestives, des céphalées, des contractions et, bien sûr, des troubles du sommeil ; on proposera aux patientes angoissées, qui ont facilement des spasmes, des boules dans la gorge, une humeur variant entre pleurs et rires, Ignatia 15 CH, 5 granules le soir au coucher. Celles qui sont stressées, angoissées, qui ont besoin de se détendre, bénéficieront d’un traitement parPassiflora composé, 5 granules le soir au coucher. Les patientes qui ont des troubles de l’humeur aggravés par la solitude, qui n’ont pas confiance en elles, qui pleurent facilement, se verront prescrire Pulsatilla 15 CH.
L’homéopathie peut-elle être prescrite en cas de contractions utérines ?
Il n’est pas toujours aisé de distinguer les contractions utérines physiologiques (sans danger pour la grossesse, mais qui induisent des angoisses), des contractions utérines pathologiques. En cas de contractions utérines, surtout si elles sont douloureuses (ressemblant à des douleurs de règles), fréquentes, survenant au repos, une consultation est indispensable. En cas de modification du col, le diagnostic de menace d’accouchement prématuré est posé, et il existe des recommandations de prise en charge (médicaments allopathiques, hospitalisation, surveillance à domicile).
Les traitements homéopathiques sont indiqués chez les patientes qui ne présentent pas de menace d’accouchement prématuré, mais seulement un utérus contractile ; des médicaments comme Caulophyllum 9 CH, Cuprum 5 CH (surtout en cas de crampes des mollets associées), Ignatia 9 CH (si les contractions se déclenchent dans une situation d’angoisse) peuvent être prescrits, mais ils relèvent du conseil d’un médecin ou d’une sage-femme après consultation et ne doivent pas faire partie des réflexes d’automédication.
Que conseillez-vous pour bien préparer l'accouchement ?
Bien évidemment, ni l’homéopathie ni les autres préparations à l’accouchement ne peuvent garantir un accouchement normal. Les prescriptions homéopathiques visent simplement à préparer l’organisme pour mettre en jeu toutes les conditions favorables à un accouchement naturel, si tout se présente bien (fœtus tête en bas, bassin adapté à la tête fœtale).
Elles ne remplacent pas les préparations classiques dispensées par les sages-femmes qui me paraissent indispensables, surtout pour un premier accouchement.
Il est traditionnellement proposé un traitement par :
Actaea racemosa 9 CH, 5 granules par jour trois semaines avant le terme, censé agir sur la souplesse du col, mais aussi sur le côté psychologique puisqu’il a comme indication l’inquiétude de la femme enceinte
On peut adjoindre Caulophyllum 9 CH, 5 granules par jour les 15 derniers jours, surtout s’il y a des petites contractions quotidiennes
et Caulophyllum 5 CH, 5 granules toutes les demi-heures pendant 2 heures maximum, en cas de contractions inefficaces et douloureuses.
*Christelle Charvet est aussi Vice-présidente du Collège de gynécologie de Rhône-Alpes et enseignante dans les écoles d'homéopathie.